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vendredi, 25 juillet 2008

Russie: amie de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud

La Russie,

amie fidèle et voisine sûre de l’Abkhazie

et l’Ossétie du Sud

La Russie, ami fidèle et un voisin sûr de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud

Interview de Vadim Goustov, président du Comité des affaires de la CEI du Conseil de la Fédération.

Une réunion élargie du Comité des affaires de la CEI du Conseil de la Fédération (chambre basse du parlement russe) vient de se terminer à Moscou. Elle a été consacrée à l’examen des demandes des parlements abkhaz et sud-ossète concernant la reconnaissance de l’indépendance des deux républiques autoproclamées au sein de la Géorgie, mais aussi de la demande présentée par le parlement de la république russe d’Ossétie du Nord - Alanie, sur le même sujet. RIA Novosti a demandé au président du comité en question, Vadim Goustov, d’évoquer les résultats de cette réunion.

Q. Vadim Anatoliévitch, quelle a été la décision des sénateurs? La Russie doit-elle reconnaître ou non l’indépendance de ces peuples?

R. Cette question est très très difficile. Evidemment, le plus simple serait de s’écrier: “on les reconnaît!”. La presse mondiale se mettrait tout de suite à faire beaucoup de bruit et ne se calmerait qu’au bout de deux jours. Mais une telle décision serait totalement inefficace, et le Conseil de la Fédération en est parfaitement conscient.

La reconnaissance de n’importe quel territoire implique une responsabilité colossale, en premier lieu la responsabilité du pays que l’on reconnaît. Si l’on reconnaissait maintenant l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, on accepterait ainsi la variante du Kosovo. Mais alors, qu’est-ce qui nous distinguerait de ceux qui violent les engagements internationaux?

A l’heure actuelle, les soldats de la paix russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud remplissent leurs fonctions, et le font très bien. Ils ne sont pas venus de leur propre gré, ils ont été envoyés par les dirigeants de la CEI et de surcroît, le Conseil de sécurité de l’ONU prolonge leur mandat tous les six mois. A chaque fois, le conseil souligne que les soldats de la paix russes remplissent leurs fonctions à cent pour cent.

Nous appuyons totalement l’appel, adressé aux parties en conflit par le Conseil de sécurité de l’ONU, à s’abstenir de tout acte de violence et de toute provocation, à respecter les ententes intervenues concernant le cessez-le-feu et le non-recours à la force.

Pour ce qui est des deux territoires autoproclamés, notre comité - et pas uniquement le nôtre, deux autres comités ont également participé à cette réunion - a confirmé la vision avancée par le président russe. Celui-ci a nettement formulé son idée: la Géorgie souhaite vivement adhérer à l’OTAN et nous, nous ne voulons pas que l’OTAN se rapproche d’année en année de nos frontières. Plus de cent mille Russes habitent dans ces républiques, et la Russie est prête à défendre leurs droits et libertés, ainsi qu’à assurer leur sécurité. Ces républiques se trouvent aux frontières méridionales russes, or, entre parenthèses, la Russie organisera dans cette région les Jeux olympiques de 2014.

Q. Vous sous-entendez donc que si la Géorgie envisage d’adhérer à l’OTAN, elle le fera sans ces républiques autoproclamées? Comment, au juste, la Russie accordera-t-elle une aide ciblée à la population de ces républiques, aide évoquée par le président?

R. Nous jouons cartes sur table: nous ne les reconnaissons pas pour l’instant, mais conformément à la décision des structures compétentes, nous disons à l’Abkhazie et à l’Ossétie du Sud que la Russie est leur ami fidèle et un voisin sûr. En plus de le dire, nous agissons.

Notre tâche ne consiste pas à “clamer” quelque chose, mais à apporter une aide concrète. Le Conseil de la Fédération a décidé de concentrer ses efforts sur la question suivante. Il existe un décret présidentiel qui, de fait, change de fond en comble la nature des relations des structures exécutives du pouvoir russe avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Nous nous sommes adressés aux sénateurs, en premier lieu aux gouverneurs, en leur proposant que chaque entité de la Fédération, à l’exception peut-être de Sakhaline et du Kamtchatka, cherche sérieusement des éventuels points de contacts entre ses entrepreneurs et les organes du pouvoir de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il s’agit d’une coopération économique, commerciale, scientifique, technique, culturelle et autre, avec la participation de régions russes.

Un tel travail a déjà été entamé. Moscou est sur le point de conclure un accord de grande envergure avec ces territoires. C’est ce qui importe, à notre avis.

A l’heure actuelle, nous nous trouvons tous dans des conditions de marché, et les entités de la Fédération ne possèdent pas de fonds disponibles pour accorder une aide désintéressée à ces républiques. Il faut y créer des conditions qui attirent les hommes d’affaires. Or, il s’agit d’une région prometteuse: elle possède un réseau de commerce, des voies navigables, autrefois, il y avait une formidable zone balnéaire en Abkhazie. Les Abkhaz sont un peuple laborieux, ils vont travailler et gagneront de l’argent. Par ailleurs, il convient de les aider en ce qui concerne les opérations de déminage.

Q. Vous savez que les Russes ont toujours eu une attitude particulièrement chaleureuse envers tous les peuples de la Géorgie, et pas seulement envers les Abkhaz ou les Ossètes…

R. Mais nous sommes prêts à élargir notre coopération économique avec l’ensemble de la Géorgie. Car la Russie n’a pas seulement levé les sanctions économiques contre l’Abkhazie. Elle a fait pratiquement la même chose pour la Géorgie.

Seulement, soyons directs et sincères. Les marchandises géorgiennes n’ont aucun débouché aux Etats-Unis ou en Europe. Leurs vins et eaux minérales, leurs agrumes et minerais de manganèse n’intéressent personne, seul le marché de la CEI passe commande.

Je peux citer un exemple analogue concernant la Moldavie. Lorsque la Russie a introduit des restrictions relatives au commerce des vins moldaves, Chisinau a frappé à toutes les portes, en proposant ses produits à tout le monde, même à la Chine. Néanmoins, il n’a réussi à vendre qu’entre 30.000 et 50.000 bouteilles. Mais au cours de la période allant du 1er octobre 2007 au 1er mars 2008, lorsque les livraisons ont repris - ne serait-ce que partiellement - la Moldavie a vendu 4,3 millions de bouteilles. Voici le marché réel, tel qu’il est pour l’ensemble des pays de la CEI.

Q. Vadim Anatoliévitch, quel pronostic pourriez-vous faire concernant les relations russo-géorgiennes en général?

R. Ici, beaucoup de choses ne dépendent pas des Géorgiens. En fait, nombre de dirigeants géorgiens sont des types raisonnables. Mais ils sont dépendants des Américains. Et c’est là l’un de leurs principaux malheurs. Dès que la Russie a publié le décret présidentiel dont je viens de parler, le ministre géorgien des Affaires étrangères s’est immédiatement envolé pour les Etats-Unis, afin de demander conseil.

Certes, ils peuvent ouvrir des bases américaines et se faire payer pour cela tant de millions de dollars par an. Mais c’est une voie sans issue. Parce que sans une économie développée, le peuple géorgien finira par demander, en fin de compte: “Ecoutez, Monsieur le président, on ne peut quand même pas vivre comme ça. Nous vous avons cru, et maintenant?”.

Quelles que soient les idées avec lesquelles les gens arrivent au pouvoir, celles-ci deviennent contre-productives si elles ne sont pas mises en oeuvre au bout de trois ou quatre années (en guise d’exemple, je peux citer l’Ukraine). Saakachvili, je pense, en est conscient. Bien sûr, il a remporté l’élection présidentielle anticipée, mais les élections législatives l’attendent, et la situation dans le pays est extrêmement compliquée.

La principale question qui intéresse tout le monde est de savoir quelle sera l’orientation que choisira la Géorgie pour son développement. Les Américains, eux, en sont également conscients, c’est pourquoi ils souhaitent une adhésion accélérée de la Géorgie à l’OTAN, afin de s’implanter dans le pays, de s’installer sur les anciennes bases militaires russes. Mais l’arrivée des militaires otaniens s’accompagnera d’un passage aux armements de l’OTAN. Autrement dit, la Géorgie se voit totalement entraînée dans la stratégie otanienne.

Du point de vue territorial, la Géorgie est un important pays de transit, tant pour le pétrole que pour le gaz. Si l’Azerbaïdjan se laisse convaincre de marcher dans le sillon géorgien - or, un sérieux travail de propagande est déjà en cours dans ce pays - il ne sera plus question d’intégration avec la Russie. Ce qui est mauvais pour tout le monde, surtout pour l’Arménie, qui se retrouvera alors complètement isolée.

Les élections législatives se tiendront en Géorgie au mois de mai. Je pense que quatre ou cinq partis géorgiens franchiront la barre des 5%. Si les élections se déroulent sans violations sérieuses, ce que j’espère beaucoup, un parlement plus pragmatique sera formé. Et Saakachvili devra tenir compte de son avis.

Propos recueillis par Olga Serova.
Source :
RIA Novosti

mercredi, 23 juillet 2008

Quand l'US Army pillait les trains d'or juif en Bavière...

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Quand l’US-Army pillait les trains d’or juif en Bavière en 1945

L’an dernier le Congrès américain et la Maison Blanche ont mis sur pied une commission, qui devait rechercher les valeurs ayant appartenu aux victimes de l’holocauste et voir si ces valeurs ne s’étaient pas retrouver sur le territoire des Etats-Unis. Le président du Congrès juif mondial, Edgar Bronfman a été nommé président de cette « Presidential Advisory Commission on Holocaust Assets » (= « Commission Consultative présidentielle sur les avoirs de l’holocauste »). L’élite politique des Etats-Unis estimait qu’elle avait un devoir à remplir : au cours des dernières années, l’Amérique a accusé de nombreux pays (ndt : la Suisse , la Suède , l’Autriche, la Belgique , etc.) de s’être enrichis indûment en s’appropriant toute ou partie de la fortune des victimes juives du national-socialisme. Ces pays ont été cloués au pilori par les médias. L’élite politique américaine voulait prouver qu’elle acceptait une enquête en Amérique même ; on pensait que l’Atlantique était un fossé bien large, que l’Europe était loin et que la Commission —mon Dieu !— ne trouverait rien in God’s own country !

Vers le 15 octobre 1999, une commission d’études a publié un rapport provisoire sur la direction du représentant du Ministre américain des finances, Stuart Eizenstat. Le lendemain, le résultat révélé par ce rapport provisoire faisait la une de tous les grands quotidiens américains. La Commission s’était penchée sur un cas devenu quasi légendaire, celui du « train d’or hongrois ».

A la fin de l’automne 1944, quand les troupes soviétiques, progressant depuis la Transylvanie , se mettent à franchir les frontières de la Petite Hongrie du Traité du Trianon, Adolf Eichmann, officier SS, prend des mesures de protection exceptionnelles à Budapest. Il réquisitionne plusieurs trains pour évacuer ce qu’il y a lieu d’évacuer vers l’Ouest ; la destination de ces trains est la Suisse neutre. Dans l’un d’eux ont été entreposées les réserves d’or de la Banque nationale de Hongrie ; dans un autre convoi, ont été entassées les peintures et les sculptures du Musée National hongrois.

A la fin de la guerre, ces deux trains ont été rapatriés en Hongrie. Un troisième train contenait les objets de valeur appartenant à plus de cent mille Juifs de Hongrie, qui furent ensuite déportés. Il s’agissait d’œuvres d’art, d’argenterie, de porcelaine, de tapis précieux, de bijoux, de diamants bruts, d’objets en cristal, de collections de monnaies et de timbres postaux, ainsi que des lingots d’or et deux serviettes pleines contenant de la poussière d’or, sans compter de très nombreuses montres et des appareils photographiques.

Des généraux américains se sont partagé le butin contenu dans 24 wagons !

Ce troisième train n’est jamais arrivé en Suisse. Le 16 mai 1945, quelques jours après la fin des hostilités en Europe, des soldats américains découvrent ce train à l’abri dans un tunnel près du village de Werfen. Il s’agissait de 24 wagons plombés (deux autres wagons avaient déjà auparavant été pillés par des soldats français). Le contenu des 24 wagons a été ensuite amené dans un dépôt de l’US Army à Salzbourg. Comme des inventaires avaient été dressés, le gouvernement hongrois a pu procéder à une évaluation du contenu : le trésor fabuleux du « train d’or » s’élevait à 204 millions de dollars américains (au cours de 1945). Si l’on adopte le cours du change que le Congrès Juif mondial a imposé aux banques suisses, cette somme correspondrait aujourd’hui à près de 2 milliards de dollars américains.

Une partie de ces biens a immédiatement été envoyée en Allemagne et confiée aux organisations juives, qui les ont mis aux enchères, pour obtenir des liquidités, qui ont été utilisées pour soigner et soulager les innombrables « personnes déplacées ». Plus tard, 1181 peintures ont été confiées par les autorités américaines à l’Etat autrichien, quand l’Autriche était encore considérée comme une nation alliée. Mais une part considérable de ces biens du « train d’or » est tombée aux mains de généraux américains, qui avaient installé leurs quartiers dans les villas et les châteaux de l’aristocratie autrichienne.

Le premier à s’être emparé de ces biens fut le Commandant des troupes américaines d’Autriche occidentale et Commandant de la Place de Salzbourg, le Général Major Harry J. Collins. Il donna un ordre de réquisition, où il commanda pour sa résidence et pour son wagon personnel de chemin de fer, des services de cristal et de porcelaine pour 45 personnes, 30 jeux de nappes et de serviettes de lin, 12 candélabres d’argent, 13 tapis d’Orient, 60 jeux d’essuies de bain. Et cet homme avide de beaux objets a ajouté : « tout doit être de la meilleure qualité, être du travail fait main par des artisans du plus haut niveau ». Quatre autres généraux se sont servi dans les masses de biens volés ; leurs patronymes sont cités dans le rapport remis récemment aux autorités américaines : Hume, Luade, Howard et Linden.

On n’a pas pu savoir ce que sont devenus ces objets de valeur après le départ des Américains hors d’Autriche, mais on peut imaginer que la Commission poursuivra son enquête… Son président y veille et on sait qu’il est un dur à cuire qui ne se laissera jamais intimidé. Ce qui restait du « train d’or » a été distribué via les magasins de l’administration militaire ou a purement et simplement été subtilisé.

L’existence du « train d’or » était connue depuis des années. On lui a même consacré des livres. L’auteur de l’un de ces livres, Kenneth D. Alford, cite un certain Capitaine Howard A. MacKenzie, qui a formulé une simple remarque sur le sort du « train d’or » : « … la seule différence entre Allemands et Américains en ce qui concerne les pillages réside en ceci : les Allemands ont dressé avec précision l’inventaire des patrimoines pillés, tandis que chez les Américains régnait la libre entreprise incontrôlée ».

Entre le gouvernement américain et le régime communiste hongrois, eut lieu une longue bataille juridique, assez stérile, où, finalement, le gouvernement communiste hongrois n’a rien reçu. Pour justifier cela, les services américains utilisaient généralement l’argument qu’une restitution ne serait pas possible, car les propriétaires des pièces ne pouvaient plus être retrouvés. Dès le premier jour de la publication du rapport provisoire de la Commission , la communauté juive de Budapest s’est manifestée et a réclamé la restitution des biens ou un dédommagement. La Commission elle-même a recommandé au gouvernement américain de payer des dommages et intérêts. Dans l’avenir, c’est certain, une pénible bataille juridique va s’éterniser et on entendra encore souvent parler du « train d’or » de Hongrie.

Il faut procéder à un examen critique du rôle de l’US Army

Vu le rôle peu glorieux de l’armée américain dans ce cas, cette révélation servira sans doute de leçons aux médias américains, si prompts à désigner les autres à la vindicte de l’opinion publique mondiale. Les donneurs de leçons d’Outre-Atlantique auront l’occasion de méditer le vieux dicton anglais : « When you live in a glass-house, you don’t throw stones » (= Quand on vit dans une maison de verre, on ne s’amuse pas à lancer des cailloux).

Ivan DENES.

(texte issu de Junge Freiheit, n°43/1999).   

 

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mardi, 22 juillet 2008

The Czech project "Delian Diver"

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The Czech project “Delian diver”

(as explained at the Euro-Rus conference having taken place in Flanders on June 28th, 2008).

The introducing of “Delian Diver”

We regard our project as an unique attempt in the central European area, especially in the territory we are joint with- in concrete the countries of former Czechoslovakia, nowaday`s Czech and Slovak Republic. Our impulse for establishing such platform was the well founded perception of lasting informational vacuum in Czech Republic, a sort of artifically maintained status quo of “the death caused by silence”, which puts the bar on spreading the ideas of various thinkers of European Resistance Movement and information about varied identitary movements and organizations which operate all over Europe or are led by people of European descend overseas. Unfortunately this kind of informational vacuum includes the scope of  “nonconformist identitary underground” penetrated only by incomplete information and fragmentary news.

More than 40 years of darkness, informational and linguistic embargo has logically resulted in the impossibility of keeping the pace with actual European trends and ideas in the domains of no support by the oppresive communist regime and official massmedia.

We respect the freedom of speech regarding it as one of the most important values of  functional society, therefore we are not going to resort to newspeak bringing back the orwellian world, also we don’t respect any kind of either legal or non-written norms of political correctness and worshipping the liberal democracy as a “golden calf” in terms of  the evangel of its own kind within the rule of New World Order.

On the other side we don`t want to be “showly incorrect” just by reason of some “teenage” rebelion and negation. First of all our aim is to hold a free and open discussion involving European and global themes, bare of new prejudices of those who on the grounds of false fundamentals aim for their historical elimination. Nothwithstanding the fact that by proclaiming ourselves as “politically incorrect” we display our awareness of existence of something “politically correct”. There is just one truth and in accordance with Dr. Sunic we deem one of the main contemporary focuses is to clear the liberal lexical junk off our discursus.

We are the representatives of the nation of European civilisational sphere, which is exposed to situation being indisputably unique in the whole history of mankind- delegation of its power to the agents of  the global universalist doctrine striving for absolute uprooting of an individual from his natural structure and his effective enslavement by both open and latent covered methods. We are aware of  the succesful or unsuccesful attempts to exterminate the whole ethnic or broader civisisational entities in the course of history, but almost always it was the result of the pressure imposed on that entity by an external enemy, not of the dominating flagellatory suicidal voices from within.

Simultaneously we have been manipulated into the participation on the global conflict which doesn`t reflect our interests, moreover without the understanding of its causes and consequences. We refuse to tend blindly to the atlanticists` desire for distribution of liberal and and multicultural “worldwide hapiness key” irrespective of geographical, cultural and historical conditions, as like as we can`t bear to be the silent witnesses of spreading and enforcement of the alien authentic cultures and religions progressively gaining more and more influence at the European continent.

We would like to become a free platform of ideas whereby its objective is the rennaisance of European civilization and redefinition of its cultural essence in the environment of 21. century. In the age of new millenium the “long march” of hostile forces which had commenced centuries ago in conjunction with “fukuyamic” faith in the end of history and free thinking by reaching the longed-for absolute can bring the fatal results.

We found ourselves in the situation when we feel no shame to copy the well-proven methods of our ideological oponents in the effort to preserve our essence, for instance we are inspired by dateless analysis by Antonio Gramsci, who had highlighted the importance of seizing the cultural area of every society which implies political changes, not reversely.

First and foremost we will put our effort in self-education, cognizing of so far unrecognized and eventual transmitting of our conclusions to the territories, where the current situation is similar as in Czech Republic. Consequently some prolific discussions should happen, as well as creating of vital and reasonable ideological doctrines.

It is extremely difficult to be successful in the contest for the “reconquiste” of Europe without any intellectual groundwork widely influencing the socio-cultural sphere. We welcome any prospective political layouts getting inspiration in our activities, in that case they will be provided with our support, but as we have already suggested, Delian Diver strictly rejects to take part in real institucional politics.

Although we feel loyality to our nation and are bound with its interests, there is no way for isolationism in Europe of our age. A solitary nation hardly survives without strong bonds of common civilizational values. Therefore we would like to contribute to the process of creating strong, long-lasting and productive relations within Euro-Russian territorry, one of our main targets is to provide our help and support to the representatives of other European countries, who share our views and would like to establish a similar ideological platform. First and foremost we are focused on neighbouring Slovakia, which has been the closest country to Czech Republic in terms of culture and history in the central European area.

Situation after 1989

In 1989 the rigid Bolshevik communism had been “withdrawn from circulation” in accordance with the worldwide pattern (respectively its post 68´ model of  “real socialism“) Reigning marxism-leninism had been defeated by liberalism (its illusory ideological enemy and counterpart), this ideology was considered as an inprospective and obsolete doctrine. There a massive boom of interest in democratic political activities was regarded for the reason of people`s faith in almightiness of parliamentary democracy and its mechanisms ensuring the development of  plurality of public views without the surveillance of state censorship. The ideology of egalitarian multicultural liberalism has prevailed.

Even in the field of pro-national politics we could have traced back the exeptional growth of activities, say in two waves: the first one, straight after 1989, where an anticommunist and patriotic enthusiasm prevailed, the second one took place in 90`s as a result of social shocks (which happened due to unruly privatisation of the state assets, collapses of the big state owned companies and uncontrolled tunneling of newly founded bank institutions) and implied a mass disillusion. Unfortunately even despite this disillusion has deepened  mainly due to pompous arrogance of Czech government which recognized the puppet state of Kosovo and agreed upon the American bid to install a radar in our territory, there hasn`t been taken advantage of potential for progressive mobilization against the System which still exists from now on.

Whom to blame?

Various subjects (either political parties, movements, its coalitions or civic corporations) have been established just for their future dissolution which seemed to be inevitable after the first particular unsuccess. The reasons have been mainly the personal profiles of the involved persons, unsophisticated populist ideas or the struggle of fractions in the process of permanent splitting for the inability to settle even on the basic consensus.

Delian Diver is not going to reiterate the old mistakes of then leading subjects possesed ambitions in real politics, we are walking down the different way.

Now let`s analyse out the repetitive blunders and conclude an answer to this fundamental question – What to do?

The questions which must be asked by a person willing to be involved in European Resistance Movement are:

1.       Does it make any sense to work within the framework of the System and political structures?

Our clear answer is – NO! We are not willing to make compromises in the name of sleazy populism and our atractiveness in the eyes of masses, also our desire is not to abide party`s directives and bylaws which in fact reflect only the selfish effort of the political parties` representatives longing for the lucrative posts in the limelight of glory and personal prosperity. Their goals don`t match the ours, as their real effort is to eliminate the other competitors of similar interests.

We prefer quality over quantity and substantiality over emptied form, what means we have got no ambitions to embark on political stages just as the next prophets of the only universalist truth having the cure to salve the material needs of majority. Our focus is not the parliament, posts in the council of administrators assured by servile loyality to the real agents of “democratic” politics- the global capital or constituting the purpose-built alliances with our oponents just for temporary pragmatic reasons.

We have chosen the non-parliamentary way by creating the independent intellectual platforms  engaged in the structures of system on a minimum scale respecting just the basic legal framework (like the norms embedding the founding of civic corporations, conducting the accounting procedures, also the elimination of any violent conduct is a must by any means)

These independent and radical intellectual platforms should clearly stand up against:

-          all pro-national political parties and movements which haven`t ever brought any real effect and its former ideological clarity and drive has merged into the swamps of democratism

-          the representatives of the “old right” which have commited themselves to the excesses of nacism or longing for “good old times”

-          the neoconservative vision of an inevitable connection between defending Europe against islamisation and defending Israel and his interests proclaiming the Jewish culture is an integral part of the European civilisation

Just by this strict rejection of current System we can avoid the assured organisational decay, create the new inspiring cultural environment and lead the European Resistance Movement out of the intellectual ghetto.

2.       How should these platforms be created and operated?

The European resistance movement needs to preserve its figting power and avoid the common mistakes which can cause the final failure. The key lies in an imminent touch between its members, whose communication is based on personal bonds. The basics are:

-          intentional rejection of operating within the structures of the System- in particular at the political stage which contains all the risk factors resulting in failures- wide, vertically organised, financially demanding structure, which is open to public for it can be easily infiltrated by the agents of the System

-          the absence of large-scale organizational structure which can be controlled and influenced by the System and vulnerated by the pressure imposed on it by its ideollogical opponents

-          the absence of vertical organizational structure which obstructs the excessive personal ambitions which can be secretly used to act against the whole by the opponents

-          minimal financial demandingness of the platforms` establishing, which enables their quick forming and minimizes the possibility of “financial infiltration” by the individuals or groups acting according to System`s agents` or ideological opponents` interests

-          tactical dropping of  the old phraseology automatically branded as rasist and compared to nazists` racial theories and virulent antisemitism (reduction ad Hitlerum). The reforming of  the European resistance movement`s discursus does by no means signify we have diverged of the main objective: the contest for preserving of the European physical, cultural and spiritual heritage. The newly defined discursus primarily means assuring the mistakes of the past won`t be commited again

3.       What forms should these platforms possess?

By abandonement of the collaboration with the System`s elements in the form of political participation on the distribution of power, organizational structure and obsolete phraseology these platforms are open to various intellectual sources of ideas whose goals can match those of European resistance movement even despite possible differences between each other.

Communication, inter-personal cooperation and multilingual presentation within the scope of broader platform (geographically in Euro-Russian territory, culturally in every area where people of European descent live – USA, Canada, South Africa, Australia, etc.) can be considered as a growing necessity (and conditions sine qua non) of resultful activities.

This strategy can be implemented by these platforms in the form of student clubs, discussion groups, circles of readers, virtual blogs and any other meaningful microcommunity (hereby we would like to highlight the role of women within this movement, environmental activities, revitalization of the ancient religious systems, etc.)  These cultural patterns create the sources of maintaining and expressing the European Resistance Movement`s ideas.

4.       What is the role of an individual in this process?

It is not an imminent urgency to create just the platforms, the activities within the framework of European Resistance Movement can also acquire the shape of individual cultural protest against “spirit of the age”. The mutual cooperation and the exchange of ideas between these platforms and “forrest walkers” (or „partisans of modern age”) contribute the cells of resistance to create and maintain themselves and to infiltrate the domains, where are not expected by the System which has not been prepared for their presence and activities yet.

5.       What does “European Resistance Movement” mean?

The network of cooperating platforms creates the substrate for the brand new movement – European resistance movement. Eventually this movement will be working as an interconnection between various groups, platforms and individuals, who will share the collective identity endeavouring for the change of current social climate and restitution of the European society`s organic structures (cultural, social and mental).

It is inevitable at least for leading groups and individuals to gain the ideal identity and background which can be formed as the result of  intellectuals` debates, proclamations and essays. There is no shame for us to admit we are not afraid to copy the deconstructional tactics commonly applied by our ideolocical opponents, especially by:

-          defining and labelling the enemies of European Resistance Movement

-          recognition and description of pros and cons of our ideological opponent`s identities

-          the analysis and deconstruction of this intellectual identity

-          proposals for changes of social climate and reconstruction of an organic system

6.       How are these platforms supposed to cooperate?

As it has already been suggested the basic is a proximate contact between its members, in the international scope we can cite one of the conclusions drawn at the conference called “The White World`s Future“ held in Moscow in 2006- „the imminent contact has been made via internet, by creating the webportals, personal blogs and through the participation on the international conferences, education trainings and meetings.”  

It is simply not possible to embrace the whole matter just in one speech, therefore after setting this primary process off there are more crucial topics to be discussed at further conferences refered to creating the System`s antipodes by establishing the paralel structures and institutions (for instance home schools, other educational institutes and possibly universities, economically autarchic communities, as for internet activities the creating of self-publishing houses, holding virtual exhibitions, etc.)  

Sic semper tyrannis!

Delian diver´s team.

http://deliandiver.blogspot.com

 

mardi, 15 juillet 2008

Formation du Royaume-Uni des Pays-Bas (1814-1815)

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Jan NECKERS:

 

Sur la création du Royaume-Uni des Pays-Bas en 1814-1

L’unification des Pays-Bas (du Nord et du Sud) en 1814 et en 1815 ne s’est pas déroulée aussi facilement que le croit la majorité de nos contemporains. En octobre 1813, les Russes, les Prussiens et les Autrichiens battent Bonaparte près de Leipzig après trois jours de bataille. Les Français, défaits et en déroute, se replient derrière le Rhin mais en décembre, leurs adversaires franchissent à leur tour le grand fleuve. Une première colonne prussienne arrive dès le 16 décembre à Malines, marche en direction de Louvain mais se retire assez prestement sur Breda. Fin janvier 1814, l’offensive définitive commence et les Russes et les Prussiens entrent en libérateurs à Bruxelles le 1 février. Une semaine plus tard, le Prince Guillaume d’Orange fait une apparition à Bruxelles. Il est reçu avec un certain enthousiasme. Les Bruxellois se rappellent d’un autre Prince d’Orange, qu’ils avaient aimé.

 

Mais les bruits courent assez vite qui prétendent que le Prince Guillaume est venu pour bien d’autres raisons  qu’une simple visite de courtoisie. Le Prince, âgé de 42 ans, vient d’être proclamé souverain des Pays-Bas (du Nord) avec l’assentiment des Britanniques, après avoir balayé les réticences de l’Empereur de Russie qui lui reprochait d’avoir jadis joué la carte bonapartiste. Guillaume n’a encore aucune idée précise des formes que prendra son futur Etat. Il avait promis aux Anglais que cet Etat serait, dans tous les cas de figure, un solide tampon contre toutes les agressions françaises potentielles mais pour réaliser ce projet, il fallait que les Pays-Bas du Nord puissent s’étendre assez loin à l’est et au sud. Il avait demandé que lui soit octroyée une solide portion de l’Ouest des Allemagnes mais devinait bien évidemment que les Prussiens ne la lui accorderaient jamais. Mais dans l’ensemble constitué par les anciens Pays-Bas Royaux ou Pays-Bas autrichiens, il était sûr de pouvoir glaner quelques territoires. En attendant la décision finale des alliés, il était venu à Bruxelles pour prendre la température. Il sera bien vite confronté à la réalité.

 

Heintje (Henri) van der Noot, alors âgé de 83 ans, ancien dirigeant de la révolte contre l’Empereur Joseph II en 1789, publie une brochure où il réclame le retour à la légitimité, c’est-à-dire le retour des souverains de la dynastie des Habsbourg. Et ce projet reçoit alors un réel soutien. Discrètement, Guillaume commande à quelques hommes de confiance de réaliser une enquête dans les grandes villes afin de connaître les souhaits de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie. La réponse est la même: une bonne part de celles-ci veut le retour à la légitimité impériale. Deux semaines plus tard, une délégation des plus grandes familles aristocratiques des Pays-Bas méridionaux part pour la France où les armées alliées poursuivent Bonaparte en déroute. La délégation réussit à parler à deux des acteurs politiques principaux de l’époque, l’Empereur François d’Autriche et le ministre anglais des affaires étrangères, Lord Castlereagh (rappelons ici que l’Angleterre a financé toutes les guerres contre Bonaparte et que leurs dépenses ont été supérieures à celles qu’ils engageront plus tard en 1914-18). L’entretien eut l’effet d’une douche très froide.

 

Un fait unique dans l’histoire

 

L’Empereur François se rappelle très bien, et même trop bien, de ses “chers” sujets des Pays-Bas. Il avait vingt-deux ans au moment de la mort de son oncle Joseph II, qui avait trépassé, disait-on, à cause du chagrin que lui avait causé la révolte des Pays-Bas. Son père Léopold ne fut Empereur que deux ans, avant de décéder à son tour. Après une première invasion française en 1792, l’armée du nouvel empereur François libère les Pays-Bas en 1793. Le souverain visite la région en 1794. Il fut même intronisé Duc de Brabant sur la Place Royale à Bruxelles et devint ainsi le premier souverain depuis Philippe II d’Espagne à être réellement présent lors de cette cérémonie. Mais en 1794, il entend essentiellement discuter argent avec ses “chers sujets” car ces derniers paient certes l’impôt, mais celui-ci est insuffisant pour entretenir l’armée qui doit les défendre contre l’envahisseur français. Seules quelques très riches abbayes sont prêtes à mettre des sommes aussi considérables que complémentaires pour faire face à la tâche. L’Empereur quitte alors le pays, réfléchit longuement et écrit une lettre à “ses chers sujets des Pays-Bas”. Il leur donne finalement la liberté, le 29 mai, de mettre en ligne une armée en toute autonomie, mais à la condition qu’ils la financent entièrement, de leurs propres deniers. C’est alors que les difficultés émergent et génèrent un chaos indescriptible. Et si les Pays-Bas refusent? Eh bien, l’Empereur et ses sujets néerlandais demeureront bons amis mais si Flamands, Brabançons, Hennuyers, etc. ne s’exécutent pas dans le sens préconisé par l’Empereur, alors qu’ils se débrouillent. L’Empereur les déclarera indépendants et ils devront alors décider par eux-mêmes quel sera leur sort futur.

 

C’est là un fait unique sous l’Ancien Régime qu’un souverain, si las de ses sujets, et à qui il a si peu de choses à dire, menace de les répudier. L’histoire nous donne bien des exemples de sujets cherchant à se débarrasser de leur souverain mais le contraire, comme dans le cas qui nous préoccupe, n’est, me semble-t-il, jamais advenu. Jamais souverain n’a cherché de cette manière à se débarrasser de certains de ses Etats. Après avoir entendu les menaces de leur Empereur, les Pays-Bas ont soupiré et décidé de se mettre à la tâche, mais ils y procèdent avec lenteur, tant de lenteur... Ce retour au réalisme politique s’est bien vite avéré inutile car, à peine quelques mois plus tard, les Français franchissent à nouveau les frontières et s’installent dans nos régions pour vingt ans. L’Empereur n’a aucun état d’âme en 1797 quand il doit céder officiellement ses Pays-Bas à la France en échange de la République de Venise, que les armées françaises avaient conquise et que Bonaparte reprendra quelques années plus tard. Or, voici donc que vingt ans après la dernière visite de l’Empereur autrichien à Bruxelles, ces casse-pieds de Néerlandais du Sud frappent à nouveau à sa porte.

 

L’Empereur François, toujours courtois, leur dit, qu’à son vif regret, il s’avère impossible qu’un membre de la famille des Habsbourg monte sur le trône des Pays-Bas. C’est ainsi que disparaît de nos régions une dynastie dont l’ascendance remonte à tous les comtes Baudouin de Flandre et à tous les Ducs Jean de Brabant. François et son chancelier Metternich, lorgnent tous deux vers l’Italie du Nord, voisine de l’Autriche: ces territoires sont bien plus intéressants et le fait que leurs habitants n’aiment guère les Habsbourg d’Autriche, laisse l’Empereur et son chancelier parfaitement froids.

 

 

“Dans un plus grand ensemble”

 

Lord Castlereagh ne fit pas dans la dentelle quand il s’adressa aux “Brabançons”, comme il appelait assez justement les ressortissants des Pays-Bas anciennement autrichiens. Deux choses seulement l’intéressent: l’abolition de l’esclavage et la constitution d’un Etat-tampon fort face à la France , capable de défendre Anvers et l’Escaut, de façon à ce que les Britanniques n’aient rien à craindre. Textuellement, il leur dit: “Pour être libres, vous devez être forts. Pour être forts, vous devez faire partie d’un plus grand ensemble et cet ensemble sera l’union avec la Hollande ”. L’affaire est donc réglée, sauf peut-être la question du tracé final des frontières. Castlereagh veut donner aux nouveaux Grands Pays-Bas quelques territoires des Allemagnes entre la Moselle et le Rhin mais il se heurte au veto des autres alliés. Les armées prussiennes sont encore bien présentes aux Pays-Bas et, en tenant compte de cette présence, une nouvelle idée germe dans l’esprit des négociateurs: partager les Pays-Bas méridionaux en prenant la Meuse comme frontière. Tous les territoires situés à l’ouest du fleuve seraient unis aux Pays-Bas du Nord et tous ceux situés à l’est reviendraient à la Prusse. Finalement , les Prussiens se désintéressent d’un tel partage et préfèrent recevoir des compensations en Allemagne même. Guillaume des Pays-Bas reçoit alors la Principauté ecclesiastique de Liège qui n’avait jamais fait partie des Grands Pays-Bas historiques (de Charles-Quint).

 

 

Et il avait encore un écueil à franchir: offciellement, les alliés déclarent avoir fait la  guerre à Bonaparte seulement  et non pas à la France et maintenant que l’envahisseur Bonaparte est exilé à l’Ile d’Elbe et qu’un Bourbon est à  nouveau hissé sur le trône de France, Talleyrand, ministre français des affaires étrangères, entend conserver une bonne partie de ces Pays-Bas ex-autrichiens. Ses manoeuvres ne réussiront pas: il ne pourra conserver que Philippeville, Mariembourg et Bouillon.

 

En juin 1814, les alliés signent le Traité des huit articles (impliquant notamment  la liberté de culte, contre laquelle l’évêque de Gand, le Français de Broglie, proteste immédiatement). Ce Traité règle les modalités de l’union des Pays-Bas du Nord et du Sud.

 

A la fin du mois de juillet, Guillaume tient provisoirement l’autorité entre ses mains. C’est effecitvement provisoire car les Russes songent un moment à une alliance avec la France et se demandent s’il ne faudrait pas, pour amadouer les Français, leur laisser ces anciens territoires sud-néerlandais lors de la signature du traité définitif. Cette alliance franco-russe ne se forge pas et, après cet intermède, c’est au tour de la Prusse de proposer à la France un marché. Les Prussiens souhaitent absorber toute la Saxe. Au début de l’année 1815, ils offrent à leur tour l’ensemble des Pays-Bas méridionaux à la France , en échange de l’appui français à l’annexion de la Saxe. Talleyrand est trop intelligent pour prendre cette offre en considération car il risque alors une guerre avec l’Angleterre. En février 1815, tous signent finalement, à Vienne, le Traité qui institue le “Royaume Uni des Pays-Bas”. Guillaume ne signe pas lui-même.... les Anglais le font à sa place!

 

 

Le retour des oeuvres d’art volées

 

Le nouveau  royaume existe de facto dès que le Congrès de Vienne scelle ses derniers actes mais Guillaume ne peut attendre aussi longtemps. En mars, il se proclame roi lui-même. Sans doute parce qu’il est ébranlé en apprenant que Bonaparte est revenu de son exil méditerranéen.

 

Du coup, il devient fort populaire dans ses nouvelles provinces du Sud car, mis à part quelques anciens collaborateurs du régime napoléonien, personne ne souhaite le retour du dictateur corse et de sa famille de brigands qui ont contraint tant de jeunes gens de chez nous à aller mourrir dans des opérations de pillage à leur seul profit. Même la Ville de Liège accueille Guillaume avec enthousiasme au début du mois de juin 1815, car les armées françaises arrivent à marche forcée. Finalement, Bonaparte est battu à Waterloo et cette fois les alliés se montreront bien moins magnanimes à l’endroit de la France. Celle-ci devra subir une occupation pendant des années et payer les frais de garnison.

 

La Prusse , après Waterloo, veut annexer toute l’Alsace et une partie de la Lorraine (ce qu’elle ne réussira à faire qu’en 1870) et exige que la Flandre méridionale (annexée à la France par Louis XIV) revienne aux nouveaux Grands Pays-Bas. Les autres alliés refusent cette suggestion prussienne. La France doit céder seulement Philippeville, Mariembourg et Bouillon.

 

Mais ce qui blessa encore davantage les Français fut le démantèlement du plus beau musée du monde: le Louvre. En 1814, il avait été décidé que toutes les oeuvres d’art volées par les armées françaises et exposées dans les musées français pouvaient rester en France. Mais, après Waterloo, les vainqueurs décident que toutes les oeuvres d’art doivent revenir à leurs propriétaires initiaux. Les commissaires néerlandais se présentent donc aux portes du Louvre. On les envoie promener. Mais Wellington, l’un des vainqueurs de Waterloo, récompensé par Guillaume sous la forme d’une plantureuse dotation annuelle et de biens immobiliers (toujours aujourd’hui aux mains des descendants du duc), ne trouve pas plaisante cette attitude des responsables du grand musée parisien. Il expédie un régiment anglais au Louvre et ses soldats emportent tout ce qui appartient légitimement aux Pays-Bas, dont le célèbre “Agneau Mystique” de Gand.

 

Le nouveau “Royaume Uni des Pays-Bas” est désormais un fait accompli. Il est toutefois aberrant de dire que la Belgique de 1830 est une création britannique. Certes, les Britanniques, en 1815, ne sont pas entièrement satisfaits de la création de ces nouveaux Grands Pays-Bas mais ils ont suffisamment de connaissances historiques pour savoir que la  césure entre le Nord et le Sud est fort profonde. C’est pourquoi, quinze plus tard, il acceptent, envers et contre tout, que les provinces anciennement espagnoles puis autrichiennes, reprennent leurs billes et se gouvernent seules, comme elles l’avaient fait pendant des centaines d’années.

 

Jan NECKERS.

(article paru dans “’ t Pallieterke”, Anvers, 4 juin 2008; trad. franç.: Robert Steuckers).

dimanche, 08 juin 2008

Systèmes satellitaires

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Systèmes satellitaires: la problématique dépendance de l'Europe

 

Les derniers modèles de voitures de rêve, les plus coûteux et les plus luxueux, exhibent, bien en vue, le plus sophi­sti­qué des accessoires jamais installés sur un tableau de bord d'automobile: le navigateur satellitaire GPS, qui permet de voir sur une carte électronique la position du véhicule et le parcours à suivre pour rejoindre la destination. Le marché prometteur des appareillages GPS pour applications civiles est solidement dominé aujourd'hui par les Etats-Unis et pour­rait rapporter quelque 50 milliards de dollars dans les sept prochaines années.

 

Mais ces appareils pourraient tout aussi bien apporter des avantages dans bon nombre d'autres secteurs. Cela va de la sécurité et de l'efficacité des systèmes de transport à l'agri­culture (épandage d'engrais), de la prospection de gise­ments de pétrole et de gaz à la détermination de l'heure exacte. Il y a bien sûr d'autres utilisations possibles, par exemple dans les activités de loisir (voile, excursions, alpi­nisme), dans la pêche (récupérations des filets, localisation des bancs de poissons, surveillance des opérations) et dans l'orientation des mal voyants. Le tout, bien entendu, aura des retombées bénéfiques sur le plan de l'emploi.

 

Peu d'observateurs ont réellement compris les aspects poli­ti­ques et militaires qui se profilent derrière ce Global Po­si­tion­ning System (ou: GPS). Ce système est le fruit d'une tech­nologie militaire américaine, basée sur une con­stel­la­tion de 24 satellites en orbite géostationnaire, ou en rota­tion à la verticale de l'Equateur avec la même vitesse an­gu­laire que la Terre, si bien qu'ils paraissent fixes à ceux qui les observent depuis celle-ci. Ces satellites sont équipés d'é­metteurs-récepteurs et d'horloges atomiques, qui trans­mettent des signaux précis et cryptés permettant aux utili­sa­teurs autorisés, dotés de récepteurs adéquats, de fixer leur position sur la Terre par rapport à au moins trois sa­tel­lites.

 

Ce système a été réalisé vers la moitié des années 70 par le Département de la Défense des Etats-Unis pour permettre aux navires, aux avions et aux véhicules terrestres de ses forces armées de déterminer leur propre position en tous points du globe. Par la suite, ce système a été mis gratui­te­ment à la disposition de tous les utilisateurs qui le souhai­taient, y compris dans les pays européens. Mais ils devaient se contenter de signaux standards volontairement dégra­dés, donc insuffisamment précis pour la plus grande part des applications; au lieu de précisions au mètre près, dont disposent les militaires, les utilisateurs civils peuvent comp­ter sur une précision légèrement inférieure à cent mè­tres. Dans de telles conditions, il est possible, par exem­ple, de localiser un véhicule volé ou un voyageur perdu dans le désert, mais non pas de fournir une assistance à des opérations telles l'atterrissage d'un avion ou l'accostage d'un navire, ni, a fortiori, le ciblage d'un objectif militaire avec toute la précision voulue pour l'éliminer.

 

Qui plus est, le GPS n'offre pas les garanties voulues de con­tinuité et d'intégrité du service, vu que douze heures ou plus peuvent passer avant que les utilisateurs ne soient aver­tis de l'envoi de signaux non corrects. Ensuite, la cou­verture des zones urbaines et des latitudes septentrionales est nettement insuffisante. Comme le système est gratuit ac­tuellement, il ne risque pas d'être tarifé outre mesure dans l'avenir. Par ailleurs, le contrôle du système, que les Etats-Unis n'entendent partager avec personne, peut revê­tir une importance fondamentale pour la sécurité mon­dia­le: le scénario esquissé dans un film récent, Il domani non muore mai, dans lequel une manipulation du système GPS amène le monde au seuil d'un nouveau conflit, ne relève plus tout à fait de la science-fiction.

 

La réponse des militaires russes

 

Face à cette situation d'extrême dépendance vis-à-vis des struc­tures de commandement militaires américaines, la pre­­mière puissance qui a commencé à chercher une répon­se est la Fédération de Russie, qui, en 1996, s'est doté d'un système global de positionnement et de navigation satel­li­taire, similaire en substance à celui mis en œuvre par les A­méricains. Ce système russe s'appelle le GLONASS, et se trou­ve actuellement  sous le contrôle direct des plus hautes sphères de l'armée.

 

Les Européens, au contraire, sont restés nettement à la traî­ne. Ce n'est qu'en 1998 que la Commission des com­mu­nautés européennes a formulé une proposition en vue d'éla­borer une stratégie européenne en matière de systèmes globaux de navigation via satellites; ce programme est des­ti­né à recevoir à terme la même importance que le projet Aria­ne, mis sur pied il y a une trentaine d'années.

 

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Cinq sigles à connaître:

EGNOS: European Geostationary Navigation Overlay Service

GLONASS: Global Navigation Satellite System (équivalent russe du GPS)

GNSS: Global Navigation Satellite System (système global s'articulant en deux phases; cf. texte)

GPS: Global Positioning System (USA)

WAAS: Wide-Area Augmentation System (le système de potentialisation régionale du GPS, en cours de développement sous l'impulsion de l'aviation américaine)

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Pendant la première phase, il est prévu la mise au point d'un élément fonctionnant, appelé EGNOS, intégré dans le sy­stème mondial de première génération, GNSS-1 (plei­ne­ment compatible avec le GPS). Cela présuppose la néces­si­té de s'appuyer sur des signaux de base fournis par les Etats-Unis et par la Russie, mais en en augmentant la pré­ci­sion et l'intégrité par le truchement d'éléments supplé­men­taires installés sur la Terre et dans l'espace. Ce système pour­rait devenir opérationnel en 2001.

Dans la seconde phase, l'UE collaborerait au dévelop­pe­ment du GNSS-2, le système mondial pour les objectifs ci­vils, destiné à remplacer les systèmes militaires existants. La contribution européenne au GNSS-2, qui n'en est encore qu'au stade de projet, sera constituée du système GALILÉE (que l'on ne confondra pas avec le véhicule spatial homo­nyme envoyé sur Jupiter). Ce système GALILÉE se basera sur une constellation de satellites en orbite terrestre mo­yenne, c'est-à-dire située à environ 23.000 km d'altitude. Il s'agit d'une orbite intermédiaire entre celle des satellites géostationnaires (36.000 km) et celle des satellites en or­bi­te terrestre basse, entre 700 et 2000 km.

L'abaissement de l'orbite, par rapport aux satellites ac­tuels, permettra l'utilisation de dispositifs au sol de moin­dre puissance, c'est-à-dire plus petits, moins coûteux et moins polluants. La constellation est liée à une infra­struc­ture et à des systèmes terrestres de façon à fournir un ser­vice intégré, nécessaire pour les réseaux transeuropéens de positionnement et de navigation. GALILÉE devra fournir des prestations tri-dimensionnelles sur les masses continentales avec une précision meilleure de 10 m et rendra disponible sur toute la planète des signaux pour la détermination du temps universel et indépendant.

Le calendrier du programme prévoyait la définition du pro­jet pour 2000, la fin de la phase de développement en 2005, sa réalisation pendant les années 2006 et 2007 et le dé­but de sa mise en œuvre réelle en 2009. Le programme se­ra administré par la Commission européenne, par l'Agen­ce spatiale européenne et par les diverses agences natio­na­les (pour l'Italie: l'Agenzia spaziale italiana).

Le coût exact du programme dépendra du panachage choisi des satellites, ceux à orbite moyenne (MEO) et ceux qui sont géostationnaires (GEO). Le budget s'élève d'environ 1,6 milliard d'euro pour une constellation de 21 MEO et de 3 GEO à environ 2,2 milliards d'euro pour 36 MEO et 9 GEO. A ces sommes, il faut ajouter entre 600 et 750 millions d'euro pour la fourniture d'un service d'accès contrôlé, ga­ran­tis­sant sécurité et certification. Les financements seront par­tiellement publics, via le budget de l'UE, et partielle­ment is­sus d'un partenariat entre le public et le privé, qui pourra obtenir des entrées importantes grâce à un système de tarification, qui sera d'autant plus justifié si la qualité de ser­vice offerte se montre meilleure par rapport à celle, gra­­­tuite, fournie par les Etats-Unis.

GALILÉE apportera des avantages fondamentaux à l'Europe sur les plans stratégique, politique, industriel et écono­mi­que. Les avantages se répartiront entre l'industrie et les uti­lisateurs. Selon des estimations formulées par les com­mu­nautés européennes, le volume des affaires, relatif à la vente des appareillages et des services, en valeur ajoutée sur le marché de la navigation satellitaire, pourrait montrer une augmentation de l'ordre de 80 milliards d'euro pour la période de 2005 à 2023. Ces bénéfices découlent soit d'une amplification du marché, soit d'un accroissement des quo­tas pour l'industrie européenne. En particulier, celle-ci de­vrait passer de 15% en 2005  —dans un scénario où seul le GPS entre en jeu—  à 30%, dans un scénario où le GPS et GA­LILÉE sont couplés. Le pourcentage augmentera de 30% à 60% en 2023. Les autres bénéfices indirects, plus diffi­cile­ment quantifiables, sont, par exemple, une diminution de la densité du trafic, dont un accroissement de la mobilité, dans le domaine de la téléphonie mobile, ce qui apporte, en plus, d'autres avantages d'ordre écologique, pour l'hom­me et l'environnement.

Angelo GALLIPI.

(article paru dans Area, décembre 2000).

vendredi, 06 juin 2008

De la "révolution orange" à la déconfiture amère

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De la Révolution Orange à la déconfiture amère

Fin 2004, le monde et l’Europe ont vibré autour du soulèvement démocratique et pacifique de la nouvelle Ukraine et de sa « Révolution Orange ». Actuellement on déchante en Ukraine et l’actuel président Viktor Iouchtchenko, héros de la Révolution, semble, selon les analystes politiques ukrainiens bloquer le fonctionnement politique du pays. Retour sur quelques évènements… fort peu médiatisés.

A l’est rien de nouveau dit-on, pourtant si rien ne se passe dans l’espace public ukrainien et que tout arrive dans les cabinets ministériels ukrainiens, les récents événements ont fait beaucoup de bruit en Ukraine. En effet, la semaine dernière les députés du BJuT, le parti de Julia Timoshenko, majoritaire au gouvernement, ont bloqué l’accès à la Verkhovna Rada Oukraïny, le Parlement unicaméral d’Ukraine, au président qui devait rendre un discours. Motif à demi-avoué, Timoshenko actuel Premier ministre, ancienne égérie de la « Révolution Orange » devenue depuis la bête noire du président, souhaite le précipiter à l’abandon à la course présidentielle de 2009. Pour comprendre les motifs il faut revoir les récents agissements de l’entourage présidentiel…

Le chat et la souris

Depuis quelques temps, le président Iouchtchenko rend impossible le travail mené par le gouvernement BJuT en bloquant systématiquement la majorité des décisions du parlement. Loin d’être populaire il commence à s’enfermer comme disent certains journaux locaux dans sa tour d’ivoire. Sa cote de popularité est au plus bas, alors que celle de la « princesse du gaz » [1] est en constante croissance. Si les élections devaient avoir lieu demain, Iouchtchenko serait crédité du pénible score de 8% ! La « femme à la tresse » serait créditée de 36%, Ianoukovytch leur ancien grand rival, proche de l’ancien président Koutchma serait crédité quand à lui de 29% des intentions de vote.

Ces résultats confirment la tendance constatée depuis plusieurs mois. La plupart des observateurs politiques considèrent qu’il est lui-même responsable de sa déconfiture, de par son comportement de plus en plus agressif, comme sa tentative de forcer les portes du parlement lors du blocage, alors même qu’il devait prononcer un discours. Ces récents agissements le décrédibilise de plus en plus aux yeux de l’opinion publique. Récemment Iouchtchenko a contraint le Premier ministre Timoshenko (alors qu’il ne dispose pas de ce pouvoir) de faire voter un amendement à la Constitution, afin de rétablir la Constitution de Koutchma… Celle-là même qu’il contestait en 2004 ( !) pour se garantir certaines prérogatives. Evidemment Timoshenko n’a pas cédé, ne serait ce que parce que la population y est formellement opposée… Le cabinet présidentiel et le parti Notre Ukraine de Iouchtchenko sont actuellement très affaiblis.

Blocage du fonctionnement gouvernemental

Depuis que le président ukrainien vit une crise, ce dernier essaye par tous les moyens de serrer la vis au gouvernement. Par exemple, depuis quatre mois il bloque le « paquet anti inflation », et freine les privatisations pour que le gouvernement ne puisse avoir les fonds nécessaires pour mener à bien sa politique sociale. Ces agissements sont logiquement considérés par le gouvernement comme une tentative de sabotage. Par ailleurs, il commence à prendre des accents « koutchmaniens » depuis qu’il a obligé les gouverneurs des régions à ne pouvoir assister aux réunions du gouvernement qu’avec son accord personnel.

Du coup, Timoshenko s’est décidé à la contre-offensive en préparant également des amendements à la Constitution, qui conduirait au renforcement du Parlement ukrainien. Dans un système de type parlementaire, le président ne jouerait plus vraiment de rôle, ne nommerait plus le gouvernement et n’aurait plus du droit de veto…

Si le Parlement acceptait, ce dernier concentrerait les pouvoirs en son sein, et pour le BJuT ce serait également une excellente manière de se placer en pole position pour les prochaines législatives. Cependant pour que ce projet soit accepté, il faut le soutien des parlementaires du Parti des Régions de Victor Ianoukovytch, leur ancien rival. Pour l’instant Ianoukovytch n’a pas fait de déclaration mais en homme politique pragmatique cela serait dans son intérêt. En effet, la nouvelle Constitution renforcerait le poids des partis du gouvernement. Le Parti des Régions étant la seconde force politique dans le pays du Dniepr’ celui ci deviendrait un acteur de premier plan dans certains votes.

Quel meilleur scénario ?

Si l’on souhaite la stabilisation politique de l’Ukraine, le scénario proposé par Timoshenko pourrait résoudre quelque peu la situation car les fonctions politiques redéfinies seraient plus précises. En effet, actuellement le système ukrainien est hybride et très fragile, propice aux conflits. Lors de la conférence de l’OTAN à Bucarest, l’Ukraine a été considéré comme un Etat instable. Ainsi cette mauvaise image lui fait perdre sa compétitivité et son prestige international. Selon de nombreux observateurs politiques ukrainiens la situation idéale serait la retraite politique de Victor Iouchtchenko par un départ digne [2]. En mentionnant qu’il ne souhaite pas participer à la prochaine élection présidentielle de 2009, la situation se détendrait et permettrait peut être de créer un climat de débat démocratique entre partis et programmes. Quelle que soit sa décision, ses chances d’être élu sont très minces, bien qu’il cherche toujours la recette magique. Ses détracteurs pro-russes disent avec véhémence qu’il est capable d’aller lécher les bottes de l’UE pour avoir des appuis… Il est vrai qu’en se retirant dignement le président resterait un héros dans l’histoire politique de l’Ukraine comme celui qui a symbolisé la Révolution Orange, accompagné le réveil de la société civile ukrainienne et appelé au réveil des sentiments démocratiques et des libertés. Dans le cas contraire, il risque de faire vite partie de ces hommes d’Etat qui ont utilisé la démocratie pour satisfaire leur propre égoïsme… Les prochains évènements nous le diront.


[1] Personnage controversé de la politique ukrainienne. Les opposants critiquent sa carrière fulgurante par ses méthodes contestables minées par de nombreuses affaires de corruption. En effet, JuT s’est enrichie à travers l’industrie gazière notamment par la KOuB (КУБ), entreprise énergétique ukrainienne, devenue IEESOu (ЄЕСУ).

[2] On pourra se référer particulièrement au éditoriaux de mi mai des journaux de toutes tendances en particulier de l’Oukraïnska Pravda, Українська правда, le Kievski Telegraf Київська телегра́ф, ou encore Politchna Dumka Політична думка.

jeudi, 05 juin 2008

L'eurocrate, le souverainiste et le plombier polonais

L’eurocrate, le souverainiste et le plombier polonais Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Ecrit par Olivier JAROSZ et Gilles Emmanuel JACQUET   
28-06-2007

Retour sur 50 ans de « Construction »

L’Europe a toujours puisé ses origines et sa force dans différents mythes qui se sont confondus avec un idéal de la civilisation européenne façonné par la Grèce antique (Eurôpé), développé par l’empire romain (Auguste), répandu par la chrétienté, (Papauté, Saint Empire…) réapproprié par la Renaissance (Pétrarque), l’Humanisme (Erasme), l’age classique (Abbé de Saint Pierre) les Lumières (Montesquieu, Rousseau), puis par les visionnaires (Victor Hugo, Coudenhove-Kalergi) sans jamais vraiment se concrétiser [Villain-Gandossi].  Il aura fallu attendre le XXéme siècle pour voir une coopération des différentes Nations. 

Après la tragédie de la seconde guerre mondiale qui a séparé des peuples aux racines communes, l’idée d’une construction européenne se devait de répondre à une nécessité concrète, une idée économique qui devait répondre à des impératifs de reconstruction marqué par la prospérité et une forte productivité. Les Etats-Unis connaissant également une croissance importante de la production (taylorisme et fordisme), l’URSS étant encore dans sa machine de guerre (stakhanovisme) et se transformant peu à peu dans une économie civile planifiée qui contraignit les européens à s’allier.

Les idées qui circulent parmi les citoyens européens sont propices à une création d’un espace commun qui puisse rivaliser avec ces deux blocs. Jean Monnet fortement influencé par les idées libérales et fédérales du modèle américain va jeter les bases concrètes d’une communauté. Au coté de Schumann les fondateurs de la CECA (18 avril 1951) seront motivés par un souci profondément économique à savoir la reconstruction de l’Europe par le libre échange, le marché économique, la standardisation… cherchant à dépasser les modèles obsolètes des Etats nations protectionnistes. Cette combinaison des méthodes fonctionnalistes et des idées fédérales aboutira à la création de cette Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Face à une situation internationale tendue avec le début de la guerre de Corée (25 juin 1950) le projet d’une communauté européenne de défense va apparaître. L’échec de celle-ci face au caractère récalcitrant de la France de se voir avec l'Allemagne sous un uniforme commun, sera la première fracture entre la société et la politique française sur un sujet européen. 

Le traité de Rome signé il y a 50 ans va relancer l’idée d’une communauté. Conscient des premières velléités des pays, la construction se fera à travers une libéralisation progressive du marché européen et d’un marché commun du nucléaire. (Euratom).

La CEE se construit de l’extérieur cumulant élargissements successifs (6 élargissements) et approfondissements institutionnelles (en 15 ans il y aura 4 traités). Le déficit démocratique apparaissant de plus en plus, les élections au parlement européen tendent à légitimer les institutions de la communauté. La volonté d’une création d’une identité commune européenne au sein du parlement qui ne reflétait plus les pays mais les partis approuve une idée fonctionnaliste se souciant de moins en moins des identités nationales. Malgré un taux moyen de participation (barre symbolique des 50%), l’Acte unique européen (17 et 28 février 1986) de la Commission Delors manifestait la détermination d’édifier un espace commun sans frontières avec l’instauration des quatre libertés fondamentales de circulation: marchandises, services, capitaux et personnes. Le traité de Maastricht du 7 février 1992 souhaitait relancer les idées fédéralistes en réorganisant la Communauté économique européenne en Communauté européenne sous forme des trois piliers. Cette nouvelle perspective marquée par la création de l'Union économique et monétaire, instituant une monnaie unique cherche avant tout à freiner le monopole du Deutsche Mark qui faisait sourciller les français mécontent de leur franc faible ainsi qu’une pseudo citoyenneté européenne n’étant finalement qu’une coquille vide. Ce traité prévoyant déjà sa propre révision au traité d’Amsterdam le 2 octobre 1997 augmentait l’interdépendance entre les pays membres. Les accords de Schengen intégrés, « communautarisaient » une des libertés fondamentales. L’entrée de l’Euro marque l’aboutissement dans la forme de l’UEM. Le polémique traité de Nice du 26 février 2001 est appelé à connaître une forme de longévité suite à l’échec du Traité Etablissant une Constitution pour l’Europe rejeté par deux pays fondateurs mais également mal accepté par d’autres gouvernements. Ce traité faisant suite à une volonté de refonte des institutions en accroissant sa légitimité démocratique a semble t-il raté son coche. Le choix d’une Europe espace sans frontière au détriment d’une Europe puissance, le doute quant à la représentativité du parlement (moyenne de 45% de taux de participations aux dernières élections européennes), l’absence de critères culturels et identitaires pourtant si fondamentaux, ont conduit à un échec de cette construction imposée par un fonctionnalisme sans racine. 

L’Europe inachevée 

Aujourd’hui les Nations se diluent dans l'Union européenne, précisément lorsque les Etats membres ont des visions parfois très contradictoires. Le problème de la Turquie étant à lui seul symptomatique. 

On peut considérer que la construction européenne apparaît moins comme la clé de la prospérité du vieux continent que comme une tentative, à ce jour infructueuse, d’enrayer le déclin bientôt séculaire de ce qui fut le foyer de la civilisation occidentale. Le rattrapage des USA s’est poursuivi dans les années 60 et 70 mais s’est brutalement interrompu depuis une quinzaine d’année et depuis l’Europe est dans une forme de déclin.

Si les Etats européens ont eu la faiblesse de concéder leur puissance à une superstructure, cela n’a pu être que dans l’espoir que celle-ci serait en mesure d’apporter de façon efficace tout ce qui est demandé à la structure de l’Etat. Or, dans tous les principaux domaines, qu’il s’agisse de l’emploi, de prospérité, de sécurité, de démographie, de culture, de langue, le bilan est somme toute modeste.  

L’Union européenne qui se revendique être un leader dans plusieurs domaines fait hélas grand défaut sur certains  grands enjeux. Sur la question de l’environnement, le budget colossal de la PAC finance à la hauteur de 1/3 les produits pesticides et chimiques nocifs pour la nature. Quant à la recherche, le projet Galileo a du plomb dans l’aile, sur la santé publique la grippe aviaire a démontré que elle n’était ni coordonnée ni  efficace… 

L'opinion est que l'Union européenne devrait se concentrer sur les seules politiques où elle est à l'évidence plus efficace que les Etats membres comme la concurrence, le commerce extérieur, l'immigration, la monnaie, la défense, la diplomatie, l’environnement, l’innovation, l’éducation universitaire, l'aide au développement. Il est évident que dans une négociation, une UE27 et plus importante au sein des institutions que chaque pays individuellement, mais il faut surtout éviter d’approfondir une Europe à plusieurs vitesses. En revanche, à l’instar de nombreux eurodéputés et face aux multiples inégalités en Europe, l'agriculture devrait être nationalisée, tout comme les politiques sociales qui  devraient être laissées à la responsabilité des Etats.

L’Europe se doit de respecter ses multiples valeurs et cet héritage ne peut être que bénéfique pour la construction de son identité et de son futur, un monde de l’innovation de la nouvelle technologie… L’Europe chose inachevée doit être un système de réflexes face aux menaces extérieures et aux défis de la globalisation et s’adapter sans chercher toujours à vouloir centraliser, homogénéiser et déformer. L’Europe ne peut qu’exister par une unité morale, culturelle, par une connivence entre nations. 

Pourquoi tant de réticences ? 

Si l’Union européenne rencontre toujours des résistances malgré sa longue évolution, il est intéressant de s’interroger sur ce que ces oppositions traduisent. Cette construction progressive bâtie par des élites et par moments légitimée par les peuples, reste toujours aussi lointaine et complexe dans l’opinion des citoyens européens. La logique économique qui a prévalu - et qui prévaut encore étant donné qu’elle semble être moins sensible que la logique politique et identitaire - n’a su créer de véritable communauté et en est resté à une expression minimale et matérialiste du sentiment européen. Les institutions qui ont été modelées suivant cette logique ont aussi abouti à une situation de déficit démocratique renforçant ainsi du même coup un sentiment d’éloignement vis-à-vis de ces institutions dont le caractère semble être de plus en plus technocratique et bureaucratique. Ce type de situation est tout autant un frein à l’affirmation d’une identité européenne qu’à la construction d’une véritable Europe politique dont l’essence se manifesterait plus dans un désir clair de partager un destin commun (en plus d’une Histoire commune) plutôt que dans des débats sans fins portant sur l’opportunité d’adopter telle ou telle structure.  

En ce sens, les mouvements politiques souverainistes et leur argumentaire peuvent être vus comme des symptômes traduisant l’existence de failles ou de dysfonctionnements propres à l’Union Européenne et à sa construction. En janvier 2007, la création du groupe parlementaire « Identité, Tradition, Souveraineté » regroupant des eurodéputés venant de Grande-Bretagne, France, Roumanie, Belgique, Italie, Autriche et Bulgarie a été vue avec stupéfaction par les autres groupes du Parlement Européen. Il est intéressant de noter que ce groupe de tendance nationaliste n’est pas le seul à s’être formé au sein de l’hémicycle, on compte aussi l’Union pour l’Europe des Nations (constitué du RPF français, d’Alleanza Nazionale italien, du Fianna Fáil irlandais, du Prawo i Sprawiedliwość et de la Ligue des Familles polonaise, du Dansk Folkeparti danois, du CDS-partido popular portugais, d’Eestimaa Rahvaliit estonien, du Tēvzemei un Brīvībai/LNNKletton, de Ludová Únia de Slovaquie ou d’Ordre et Justice de Lituanie) ou à un niveau plus informel le réseau Euronat. Perçus comme des mouvements insidieux dont le rôle consisterait à détruire l’édifice européen de l’intérieur, ces groupes parlementaires peuvent aussi être vus comme un révélateur des faiblesses de la construction européenne. Au-delà de l’étiquette « souverainiste » ou « eurosceptique », ces mouvements ne partagent pas une vision monolithique de ce que devrait être l’Europe et ont des spécificités. Vus comme radicalement antieuropéens, ces groupes politiques veulent en fait pour la plupart une « autre Europe » qu’on désigne souvent sous le concept d’Europe des Nations.  

L’opposition de ces mouvements se base bien plus sur des peurs et ressentiments populaires concrets (travailleurs dont les conditions de travail se durcissent et dont les entreprises connaissent de nombreuses délocalisations, paysans confrontés à la concurrence étrangère et forcés de devenir des managers) que sur un soi-disant fantasme ou de pseudo pulsions xénophobes. De nombreux européens ont le sentiment que l’Union de l’Europe se réduit de plus en plus aux institutions de Bruxelles et ne reflète plus ce continent aux cultures et langues diverses dont l’unité s’était faite au gré d’expériences communes (racines Indo-européennes, Hellade et Rome antiques, Chrétienté, Renaissance). La construction européenne peine à s’imposer auprès des gens en tant que grand récit politique et historique tout comme de nombreux mouvements politiques peinent à créer à notre époque de nouveaux mythes politiques mobilisateurs. Le terme Union européenne renvoie de plus en plus à des questions budgétaires, juridiques ou techniques et non plus à une vision de l’Histoire et du destin des peuples d’Europe. Certaines décisions communautaires sont vues comme des mesures d’uniformisation ne respectant pas la spécificité des nations, de leurs traditions et productions (des variétés de fromages sont vouées à disparaître). En Pologne, le projet de panneaux indiquant l’entrée dans une commune représentait la silhouette de l’agglomération ainsi que le clocher de l’église avec sa traditionnelle croix. Jugeant que ce dernier détail heurtait les principes de laïcité, la Commission décida l’interdiction de faire figurer la croix du clocher de l’église sur ces panneaux signalétiques. A vrai dire, il se peut que la représentation de la croix du clocher ait choqué les membres de la Commission mais il est peu probable que cette même représentation ait choqué le peuple polonais.  

Alors que l’idée d’une Europe à deux vitesses dans le domaine économique (ce qui est optimal du point de vue des élites financières notamment pour la dynamique du système capitaliste) est devenue une sombre réalité (le budget destiné au soutien des derniers Etats ayant adhéré est comparable à celui qui avait été destiné au Portugal ou à la Grèce) et montre ainsi que la convergence économique (qui était accompagnée à l’origine d’un développement socio-économique positif) n’est plus que l’ombre d’elle-même. D’un autre côté, les élites européennes semblent vouloir combler la lacune identitaire de leur projet par une uniformisation culturelle qui créera une identité européenne artificielle, détachée d’un long passé et dont la raison d’être était une diversité harmonieuse. On s’étonne du niveau d’ignorance des citoyens sur les institutions européennes mais l’ignorance la plus grave est celle touchant la connaissance des pays européens, de leurs cultures et de leur Histoire. De vieux schémas mentaux hérités de la guerre froide ne semblent pas avoir totalement disparu et au-delà de l’idée de convergence, Bruxelles semble vouloir ériger les vieux Etats membres en modèles à suivre. D’un côté les européens de l’Ouest doivent arrêter de raisonner avec des clichés culturels « occidentalocentrés » (comme celui du « plombier polonais ») et d’un autre côté, on doit comprendre qu’il est risqué (pour la construction européenne) de vouloir à tout prix faire danser le sirtaki sous la pluie bruxelloise.  

Références : 

DAVIES Norman, Europe a history, Pimlico, (1997).

SAKWA Richard, STEVENS Anne, Contemporary Europe, Palgrave MacMillan, (2006).

Villain-Gandossi, C, L’Europe à la recherche de son identité. Comité des travaux historiques et scientifiques 2002.

VERLUISE Pierre, Géopolitique de l’Europe, Ellipses (2005). 

AVRIL Pierre, L’Extrême droite s’organise au Parlement européen, Le Figaro, (10 janvier 2007).

QUATREMER Jean, L'Europe brune serre les rangs au Parlement, Le Monde, (11 janvier 2007).

jeudi, 29 mai 2008

Balkans: les Etats-Unis ont atteint leur objectif!

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Balkans: les Etats-Unis ont atteint leur objectif!

Un texte ancien, vieux de huit ans, mais qui garde toute sa pertinence géopolitique !

Le Général Reinhard Uhle-Wettler (°1932), commandeur d'unités parachutistes, en fin de carrière Commandeur de Division de la 1ière Aéroportée de la Bundeswehr, pa­r­le­ra à l'Université d'été de «Synergies Européennes» en août 2001. Pour préparer nos stagiaires à sa démarche, voici le bilan final qu'il tire, en toute clarté militaire, de la situation dans les Balkans. Ses positions sont clai­re­ment les nôtres, que nous aurons l'occasion d'expri­mer lors du colloque de la revue “Renaissance européen­ne”, qu'organisera Georges Hupin et son équipe à Sint-Pieters-Leeuw en avril 2001, avec le concours d'Alexan­dre Del Valle, Guillaume Faye, Max Steens et Robert Steuckers. Bonne lecture!

Dans les rapports des médias, on reproche souvent aux Etats-Unis d'avoir déployé une stratégie de dilettantes dans les Balkans. On a entendu des discours similaires immédia­tement après la Guerre du Golfe. En tenant compte des in­térêts des Etats-Unis et des rapports de force géopoliti­ques, on peut résumer les effets de la guerre des Balkans comme suit:

1.

L'OTAN, sous la direction des Etats-Unis, s'est débarrassé du boulet que constituaient les décisions du conseil de sé­cu­ri­té de l'ONU, et, dans cette entorse aux principes, a entraî­né et uni tous les membres de l'alliance.

2.

Les Etats-Unis ont fait de l'OTAN le seul instrument politico-militaire capable de fonctionner dans le monde occidental et, à la suite du changement de donne après la fin de l'op­po­sition Est-Ouest, ont renforcé l'alliance atlantique pour le futur.

3.

L'OTAN a fait admettre de facto sa nouvelle conception, y compris l'idée d'une intervention systématique en cas d'en­torse aux droits de l'homme, avant même que ses membres ne l'acceptent formellement, et l'a mis à l'épreuve de ma­nière pratique en profitant de l'aubaine de l'heure. Mis à part la défense commune des territoires inclus dans l'allian­ce, toute guerre “pour les droits de l'homme” est désor­mais possible. Nous avons affaire là à un pas de plus vers la création d'une “police mondiale”.

4.

Les Etats-Unis ont changé, en faveur de leurs ambitions glo­bales, le droit des gens qui avait été appliqué jusqu'ici, en se réclamant de l'acte de conclusion de la conférence de l'OSCE à Helsinki et de la résolution 688 du Conseil de sé­cu­rité des Nations Unies. Le principe de non ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat est suspendu en cas d'en­torse apportée aux droits de l'homme, quelle que soit la dé­finition que l'on donne de ceux-ci. Le triomphe du droit d'in­tervention pour raisons humanitaires signifie que les droits de l'homme reçoivent désormais la priorité par rap­port au droit de souveraineté, à l'interdiction d'user de vio­lence (cf. l'art. 2 de la Charte des Nations Unies), ainsi qu'au principe de l'inviolabilité des frontières. L'OTAN ne pou­vait pas se réclamer du droit d'autodéfense collectif (art. 51 de la Charte des NU) ni d'un pouvoir accordé par le conseil de sécurité (chap. VII de la Charte de NU) dans la guerre déclenchée contre la Serbie. Les violations des droits de l'homme serviront donc désormais de plus en plus souvent de prétexte pour des interventions militaires. Cela nous ramène au schéma idéologique de la “guerre juste” et exclut quasiment le traitement correct à appliquer à l'ad­versaire (que l'on pratiquait depuis l'époque féodale). Le vainqueur devient automatiquement le juge.

5.

Les Etats-Unis se sont établis comme puissance européenne dominante et ont renforcé le contrôle et la domination qu'ils exerçaient sur l'Europe.

6.

La guerre est devenue un moyen de la politique pour im­po­ser les droits de l'homme et est acceptée comme telle par la communauté des Etats occidentaux. La course aux arme­ments que cela implique n'est plus fondamentalement re­mi­se en question. De cette façon, la répartition des tâches au sein de l'alliance est assurée.

7.

L'Europe, en tant que concurrente des Etats-Unis, est clouée dans les Balkans pour un certain temps et devra con­sentir des efforts financiers et économiques pour recon­struire le Kosovo et la Serbie. Ces frais accroissent les dé­fi­cits de la défense européenne autonome et grèvent la mon­naie commune de l'Europe face au dollar.

8.

Un verrou est posé désormais à toute coopération euro-russe qui impliquerait une participation allemande dans un projet de développement économique de l'Eurasie. L'ancien vi­ce premier ministre serbe, Draskovic, qui n'est pas resté long­temps en fonction, avait déclaré dans un entretien ac­cor­dé au Spiegel (n°18/1999): «La Serbie est détruite au­jour­d'hui parce que les Etats-Unis, en créant cet exemple qui fera école, veulent discipliner l'Europe. Car les Etats-Unis savent pertinemment qu'une Allemagne unifiée, avec tout son potentiel, et dans une alliance politique et écono­mique avec la Russie, créerait les bases d'une Europe soli­de­ment unie, de l'Atlantique au Pacifique. Pour empêcher ce­la, on a mis en scène un crime collectif contre les Ser­bes».

9.

Les Etats-Unis ont refoulant l'influence russe dans les Bal­kans et en abattant et en “démocratisant” la Serbie ont créé les conditions préalables de la sécurisation et de l'ex­ploi­tation de leurs intérêts énergétiques dans le bassin de la Caspienne, dans la Caucase et en Asie centrale. Le pé­tro­le et le gaz naturel, à leurs yeux, ne peuvent transiter vers l'Ouest que par des oléoducs indépendants de la Rus­sie, traversant la Mer Noire et les Balkans. Le capital abon­dant en provenance des sociétés pétrolières américaines et britanniques donnera donc le ton dans les pays de ces ré­gions, encore peu développés. L'influence américano-bri­tan­nique sur les sources énergétiques de ces pays aura donc nécessairement pour corollaire de limiter l'indépen­dan­ce énergétique des pays de l'Europe continentale. Dans les annexes de la revue Information für die Truppe (n°9/ 1998), on a explicité en long et en large ce “coup de poker pé­trolier dans le Caucase”. Ensuite, au grand dam des Rus­ses, les Etats-Unis ont décrété que l'espace de la Caspienne et du Caucase faisait dorénavant partie de leur zone d'in­té­rêt. Il s'agit donc de soustraire ces énormes réserves de pé­trole et de gaz naturel à tout monopole contrôlé par la Rus­sie. Dans le livre d'Egon Bahr, Deutsche Interessen, on trou­ve­ra une carte des variantes possibles dans le tracé des o­léo­ducs de la Caspienne; carte qui complète utilement le sy­nopsis qu'il nous donne des régions pétrolifères et ga­ziè­res du Proche-Orient et de l'Asie centrale.

10.

La position de la Turquie a été consolidée chez ses coreli­gion­naires musulmans des Balkans, vu son état de puissance musulmane et ses ambitions islamiques; la Turquie est aus­si, dans ce contexte, la plaque tournante de la politique américaine au Proche-Orient et en Asie centrale. L'engage­ment de soldats turcs dans les troupes de la paix déployées par l'OTAN dans le cadre de la KFOR a été salué avec en­thou­siasme par la presse turque (voir Die Welt, 6 juillet 1999). Cet enthousiasme peut déborder et rayonner aisé­ment dans les pays du Caucase et d'Asie centrale dans un fu­tur proche. Les Etats-Unis insistent pour que la Turquie soit acceptée au sein de l'UE; c'est un indice supplé­men­tai­re prouvant que les Etats-Unis, systématiquement, soutien­nent la “plaque tournante Turquie”.

11.

Les Etats-Unis, comme lors de la guerre du Golfe, ont testé leur arsenal moderne de technologies militaires et leurs sy­stèmes de guidage, en tir réel. De ce fait, ils ont consolidé sur le plan international leur avance technologique dans le do­maine militaire, surtout dans les domaines du renseigne­ment, de la belligérance électronique et des armes intelli­gentes à têtes chercheuses. Ainsi, leur politique financière et économique d'orientation globale peut s'appuyer sur une puissance militaire supérieure à toutes les autres et tou­jours prête à l'engagement réel. Les News Release Pent­a­gon du 10 août 1998 nous donne un bon synopsis de la poli­ti­que des points d'appui, notamment pour la flotte, que pra­tiquent les forces armées américaines.

12.

L'industrie de l'armement américaine vient de recevoir un bon coup de pouce presque au détriment des forces enga­gées sur le terrain du social. Ce coup de pouce permet des investissements dans le domaine de la haute technologie et renforce ipso facto le dollar.

On le voit: les résultats obtenus par les Etats-Unis sont le fruit d'une politique bien planifiée, d'une exploitation logi­que des faiblesses de l'Europe et d'une situation avanta­geu­se. Bon nombre d'éléments nous permettent de dire que, sur­tout dans le cas de la Yougoslavie et lors de la guerre con­tre la Serbie, les Etats-Unis ont agi après mûre planifi­ca­tion, en étant bien conscients des enjeux. Le 6 juin 1999, Peter Scholl-Latour écrivait dans Welt am Sonntag: «L'UÇK  —avec en son sein des inimitiés de type clanique et des struc­tures de type mafieux—  a été armée puissamment par l'aide américaine en un temps record. Elle est dirigée par un général croate éprouvé et conseillée par des experts amé­ricains et  —on est bien étonné de l'entendre!—  par des spé­cialistes iraniens de la guerre des partisans».

Dans ce contexte, il me paraît intéressant de méditer la chro­nologie établie par le Ministère fédéral allemand de la dé­fense en date du 21 avril 1999. En page 9 de cette chro­no­logie, et sous la rubrique “1998”, on peut lire: «Les vio­lences au Kosovo augmentent. L'armée de libération du Ko­so­vo (UÇK) impose sa volonté en perpétrant des attentats con­tre les forces de sécurité serbes et contre les collabo­ra­teurs ethniques albanais du Kosovo, c'est-à-dire cherche à im­poser l'indépendance de la province par la violence».

Enfin, dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung du 10 & 11 avril 1999, on a pu lire: «Des combattants de l'armée clan­destine UÇK des Albanais du Kosovo travaillent de con­cert avec l'OTAN, selon le Ministre français de la défense Alain Richard». Pour mener à bien de telles “sales opéra­tions”, on mobilise des services secrets comme la CIA, le MI6 britannique et le Mossad israélien. Citons dans ce con­texte un passage du livre de l'ancien secrétaire d'Etat auprès du Ministère de la défense allemand, Andreas von Bülow (Im Namen des Staates. CIA, BND und die krimi­nellen Machenschaften der Geheimdienste / = Au nom de l'E­tat. La CIA, le BND et les agissements criminels des ser­vices secrets): «Si l'on prend pour mesure l'éventail des in­terventions cachées des services secrets au cours des cin­quan­te dernières années, alors on peut en déduire que la pa­cification effective des Balkans ne va pas du tout dans l'in­térêt de la véritable politique extérieure des Etats-Unis, laquelle demeure “cachée”, notamment quand on prend en compte les idées développées par Zbigniew Brzezinski qui dé­montre que les Balkans sont justement la zone d'accès géo­politique qu'emprunterait l'Europe industrielle pour ac­cé­der aux Balkans eurasiens (= l'Asie centrale), avec leurs é­normes ressources en énergies et en matières premières» (p. 494).

Les horreurs de cette guerre occulte menée et entretenue par les services secrets, en contravention avec tous les prin­cipes prévus par le droit des gens en cas de guerre, la Wehr­macht allemande les a bien amèrement ressenties pen­dant la seconde guerre mondiale. Les archaïsmes et les traditions des peuples balkaniques ont été accentués plus tard, quand la Yougoslavie de Tito, née de la guerre de li­bération populaire de 1941-45, s'est préparée systéma­ti­quement à une guerre des partisans contre une invasion po­tentielle de l'URSS, qui, par un éventuel coup de force en di­rection de l'Adriatique, aurait supprimé son indépen­dan­ce. Les éléments institutionnels de la guerre des partisans, pré­vue par le titisme, ont été déterminants dans la nouvel­le guerre des Balkans, surtout dans la lutte pour la domina­tion du Kosovo. Certes, ces éléments ont permis à l'OTAN d'é­viter de déployer des troupes terrestres. Mais ce qui va sui­vre, c'est l'extension aux Balkans de la "zone de paix dé­mocratique", de type ouest-européen, ce qui implique de fac­to une “démocratisation” de cette région. Ainsi les E­tats-Unis auront obtenu ce qu'ils voulaient. Mais l'Europe, el­le, se trouvera devant une tâche quasi impossible à ré­soudre.

Général Reinhard UHLE-WETTLER.

(extrait de son ouvrage, Die Überwindung der Canossa-Republik. Ein Appell an Verantwortungsbewußte, Hohenrain, Tübingen, 3. Auflage, 2000, ISBN 3-89180-057-6).    

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mercredi, 28 mai 2008

O tratado de Rapallo e suas consequências

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O Tratado de Rapallo e suas consequências

16 de Abril de 1922: Tratado de Rapallo: a Alemanha, vencida em 1918, e a URSS, acabada de sair da guerra civil que opôs Brancos e Vermelhos, assinam um acordo bilateral sob os auspícios dos seus ministros respectivos, Walther Rathenau et Georg Tchitchérine. A URSS renuncia a reclamar reparações de guerra à Alemanha, que, em troca, se compromete a vender bens de equipamento à Rússia vermelha.

A Conferência de Génova fora sugerida pela Grã-Bretanha para reger a ordem do pós-guerra após a URSS se ter recusado a pagar as dívidas do Império dos Czares. Os britânicos sugeriam um reconhecimento da URSS, o estabelecimento de relações diplomáticas normais e, sobretudo, queriam recuperar os seus interesses nos petróleos de Baku. O financiamento britânico à contra-revolução branca tem como objectivo principal afastar o poder vermelho, centrado em Moscovo e São Petersburgo, dos campos petrolíferos caucasianos: os artesãos desta manobra eram Churchill e o magnata Deterding, da Shell. O fracasso dos exércitos brancos e a reconquista soviética do Cáucaso obrigaram os britânicos a mudar de estratégia e a aceitar intervir na famosa NEP (Nova Política Económica) lançada por Lenine. Ao mesmo tempo, os americanos também se começaram a interessar pelo petróleo do Cáucaso, esperando tirar proveito dos problemas que os britânicos estavam a ter com a derrota dos brancos.

Antes do golpe de Rapallo, imprevisto, adivinhava-se um confronto directo entre Grã-Bretanha e os EUA visando o controlo planetário do petróleo. Confronto que prosseguiu, por interpostas pessoas, nomeadamente na América Latina, mas agora o bloco informal germano-russo constituía o maior perigo, impedindo qualquer confrontação directa entre Londres e Washington.

Rathenau não tinha, inicialmente, nenhuma vontade de ligar o destino da Alemanha ao da jovem URSS. Mas o peso colossal das reparações, exigidas por franceses e britânicos, era tal que não restavam outras soluções. Em 1921 Londres impusera uma taxa proibitiva de 26% sobre todas as importações alemãs, impedindo por esta via qualquer possibilidade de a Alemanha poder reembolsar em condições aceitáveis as dívidas impostas em Versalhes. A Alemanha precisava de um balão de oxigénio, de obter matérias-primas sem ter que as adquirir em divisas ocidentais e precisava de relançar a sua indústria. Em troca dessas matérias-primas participaria na consolidação industrial da URSS, fornecendo-lhe bens de alta tecnologia. O ultimato de Londres de 1921 exigia o pagamento de 132 milhões de marcos-ouro, montante que John Maynard Keynes julgou desproporcionado, de tal forma que conduziria a prazo a um novo conflito. Pior ainda: se a Alemanha não aceitasse esta imposição, ainda mais draconiana que a de Versalhes, corria o risco de ver a sua região do Ruhr, o seu coração industrial, ser ocupado pelas tropas aliadas. O objectivo era o de eternizar a fraqueza alemã, impedir qualquer recuperação da sua indústria, de provocar um êxodo da sua população (para os EUA ou para as possessões britânicas) ou uma mortalidade infantil sem precedentes (como aquando do bloqueio da costa alemã no imediato pós-guerra).

Com o tratado de Rapallo, britânicos e franceses viam desenhar-se no horizonte um novo espectro: o relançamento industrial alemão, o rápido pagamento da dívida – e portanto o fracasso do projecto de enfraquecimento definitivo da Alemanha – e o rápido desenvolvimento das infra-estruturas industriais soviéticas, em particular as ligadas à exploração dos campos de petróleo de Baku, que ficariam desde logo nas mãos dos próprios soviéticos e não dos “patrões” ingleses ou americanos. Segundo o Tratado, estabelecer-se-ia em todo o território alemão uma rede de distribuição de gasolina (denominada DEROP - Deutsche-Russische Petroleumgesellschaft) que permitiria à Alemanha furtar-se à dependência petrolífera face às potências anglo-saxónicas.

Em 22 de Junho de 1922, pouco mais de dois meses após a conclusão dos acordos de Rapallo, Rathenau é assassinado em Berlim por um comando dito nacionalista e monárquico, pertencente a uma misteriosa “Organização C”. No fim desse ano, a 26 de Dezembro, Poincaré, ligado aos interesses anglo-saxónicos, encontra um pretexto – o facto de a Alemanha não ter entregue madeira em quantidade suficiente para a colocação de postes telegráficos em França – para invadir o Ruhr. As tropas francesas entram na região em 11 de Janeiro de 1923. Os ingleses abstêm-se de qualquer ocupação, colocando nos franceses o opróbrio dos 150.000 deportados, dos 400 operários mortos e dos 2.000 civis feridos, sem omitir nesta sinistra contabilidade a execução do tenente Leo Schlageter.

O assassinato de Rathenau não é um facto histórico isolado. As organizações terroristas, encarregues de executar os que planificaram políticas de estratégia industrial tidas como inaceitáveis por Londres ou Washington, nem sempre tiveram uma tonalidade monárquica e/ou nacionalista, como no caso de Walter Rathenau. Os serviços anglo-saxónicos também recorreram, para os seus sujos trabalhos, a fantoches da extrema-esquerda, nomeadamente da RAF e dos Baader-Meinhof. Foi assim que Jürgen Ponto, presidente do Dresdner Bank, que planificara com os sul-africanos o regresso ao padrão-ouro para atenuar as flutuações do dólar e do preço do petróleo, foi assassinado em 31 de Julho de 1977 por assassinos que se reclamavam do grupo Baader-Meinhof. Algumas semanas depois foi a vez de Hans-Martin Schleyer, o “ patrão dos patrões”. Mas não é tudo. Em 29 de Novembro de 1989 a viatura blindada de Alfred Herrhausen, director do Deutsche Bank, explodiu. Herrhausen fora conselheiro do chanceler Kohl na altura do desmembramento do império soviético e das manifestações populares na RDA exigindo a reunificação. A Alemanha projectava investir nos novos Länder, nos países da Comecon e na Rússia. Os meios financeiros ingleses e americanos receavam que esta massa de capitais, destinada ao desenvolvimento da Europa central e oriental, deixasse de alimentar os investimentos alemães nos Estados Unidos, prejudicando, em consequência, o sistema económico americano. A imprensa inglesa vinha fazendo uma campanha, nomeadamente no “Sunday Telegraph”, contra a emergência de um “Quarto Reich”. Apesar do assassinato de Herrhausen, o Chanceler Kohl anunciou publicamente, algumas semanas depois, que o seu governo perspectivava o desenvolvimento de grandes meios de comunicação na Europa, nomeadamente a criação de uma linha de caminho de ferro Paris-Hannover-Varsóvia-Moscovo.

A trágica morte de Herrhausen foi o primeiro acto de uma contra-estratégia anglo-saxónica: para abalar o eixo Paris-Berlim-Moscovo em gestação, era preciso atacar em dois locais: nos Balcãs, onde começa então o processo de desmembramento da Jugoslávia; e no Iraque, local onde se situam os principais campos petrolíferos do planeta. De Rapallo às guerras contra o Iraque e destas à proclamação unilateral da independência do Kosovo existe um fio condutor bem visível para todos os que não têm a ingenuidade de dar de barato as verdades da propaganda difundidas pelos grande media internacionais e os discursos lacrimejantes sobre os direitos do homem.

A ler: William ENGDAHL, « Pétrole : une guerre d’un siècle – L’ordre mondial anglo-américain », Ed. Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 2007.

Tradução do texto originalmente publicado em http://www.voxnr.com/cc/d_allemagne/EkplkuZApFueRkLTVN.sh... por Atrida.

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mercredi, 21 mai 2008

L'idéologie liberticide de la Maison Blanche

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Daniele Petraroli :

L’idéologie liberticide de la Maison Blanche

 

La théorie paranoïaque du “New American Century.

Les quatre composantes fondamentalistes de la Maison Blanche.

Une stratégie brutale mais claire : “la guerre préventive au monde entier”.

L’Europe est le premier ennemi de l’impérialisme WASP

Si on se laisse vivre au jour le jour, il n’est guère facile  de comprendre que des changements fondamentaux sont en train de s’opérer aujourd’hui plus que jamais dans l’histoire, et, personnellement, j’ai vraiment la sensation d’être le témoin d’événements qui, par la force des choses, sont voués à  avoir des conséquences très lourdes sur les destinées politiques du globe. En fin de journée, le mardi 11 septembre 2001, bon nombre de commentateurs s’affairaient à expliquer que le monde était entré dans une époque d’”insécurité globale”, due au terrorisme, aux “Etats-voyous”  (pour utiliser la terminologie de l’administration américaine) et, en ultime instance, à la pauvreté et à l’instabilité définitive des pays du tiers et du quart-monde. Aujourd’hui, un an et demi après la pulvérisation des Twin Towers, nous pouvons dire que le 21ième siècle, qui devait être une époque de paix et de bien-être, a commencé sous le signe de la peur et du chaos international.

Nous devons cependant bien dire que cette situation n’est pas due à Al Qaeda, comme on le craignait au lendemain du 11  septembre 2001, ni à un détournement d’avion, ni à des kamikazes obligés de se faire sauter, bourrés d’explosifs, au milieu des foules en Europe ou en Amérique, mais à un nouveau dessein politique, théorisé plusieurs années avant l’attentat et réalisés, après celui-ci, par l’administration Bush, au cours de ces derniers mois : il s’agit du  dessein néo-impérial.

La guerre préventive

De puis l’effondrement de l’Union Soviétique, les Etats-Unis sont devenus l’unique superpuissance encore existante et, forts de cette unipolarité acquise dès 1991, ils ont aligné ouvertement les théoriciens de la droite néo-conservatrice, qui sont rapidement devenus les conseillers les plus écoutés du Président Bush. Ils sont nombreux : nous avons Kagan, Ledeen, Podhoretz, pour ne citer que quelques noms. Ces idéologues ne sont pas sortis subitement, comme du chapeau d’un magicien, au lendemain de l’effondrement des deux tours. Bien au  contraire : ils ont préparé le scénario qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux depuis au moins dix ans. En fait,la première théorie de la “guerre préventive” se manifeste en 1992, c’est la “Defence Policy Guidance” de Dick Cheney, aujourd’hui vice-président des Etats-Unis, de Paul Wolfowitz et, accessoirement, de Rumsfeld. Les deux premiers ont théorisé l’utilisation de tous les atouts américains contre tout pays en mesure de devenir une “menace”. A l’époque, les temps n’étaient pas encore mûrs et Bush-le-père a mis un terme au projet. Il faudra donc attendre dix longues années et la tragédie providentielle du World Trade Center pour que les divers groupes de pression issus de la droite du parti républicain, après des parcours divers, s’unissent dans le fameux “Project for the New American Century” (PNAC), dont l’idéologue est Wolfowitz lui-même. Il réussira à déterminer en tout et pour tout la politique extérieure du Président.  

La bande des quatre

Il nous paraît utile de faire un peu de clarté sur les origines de cette “nouvelle droite” américaine. A l’intérieur de l’ensemble qu’elles forment, nous pouvons distinguer quatre grands filons. Le premier, qui est le plus important car il est aussi le plus visible, est celui des “faucons”, partisans de  la manière forte en politique étrangère. On inclut généralement, à ce courant des “faucons” les penseurs et intellectuels du  néo-conservatisme : Richard Perle, conseille de Rumsfeld en matières de stratégie, Elliott Abrams ainsi que Norman Podhoretz et Robert Kagan, que nous venons de citer. Ils  s’appuient sur les journaux suivants : le “Weekly Standard”, de Murdoch, et le “Wall Street Journal”. C’est William Kristol leur éminence grise et le fondateur en 1997 du PNAC.

Le second filon est constitué d’hommes de gauche très marqués, qui ont piloté le démantèlement du Welfare State dans les années 80, sous l’administration Reagan; parmi eux, il faut compter Rumsfeld et Cheney. Ensuite, nous avons les fondamentalistes catholiques, connus pour leur actions anti-avortement, qui sont dirigés par le Ministre de la justice, John Ashcroft; et, enfin, l’ ”American Enterprise Institute”, étroitement lié à la droite israélienne, dont le représentant de pointe est Ledeen. Ces “extrémistes marginaux”, comme on les appelait encore en 1998, sont arrivés au  pouvoir en 2000, avec Bush-le-fils, en profitant par la suite du refrain “nous sommes tous des Américains”, qui a uni derrière son antienne l’immense majorité des Occidentaux, immédiatement après l’effondrement des tours jumelles. Cette prise du pouvoir discrète, puis les événements de New York, ont permis de lancer un scénario conçu quelques années auparavant mais que l’on n’imaginait pas pouvoir se concrétiser de sitôt.

Aujourd’hui, grâce à cette conjecture, les Etats-Unis peuvent envisager, tout simplement, d’exercer très bientôt un contrôle total sur le globe, sans plus avoir l’obligation de dissimuler leurs intentions réelles. Les néo-conservateurs partent d’un principe différent de celui de l’isolationnisme traditionnel de la droite américaine. Ils parlent ouvertement d’un “empire américain” et des “intérêts stratégiques vitaux” qu’il faut à tout prix défendre. Le masque est tombé. Plus personne ne croit encore aux historiettes moralisantes sur les droits de l’homme et la démocratie “qu’il fallait exporter”. Par conséquent, forts de leur triple suprématie économique, technologique et militaire, les théoriciens, qui se profilent derrière l’administration Bush, ne raisonnent plus qu’en termes de pouvoir, aujourd’hui plus que jamais. Unique concession à l’Amérique “patrie des libertés” : la conviction que l’hégémonie américaine est la meilleure des alternatives  possibles pour les pays du tiers et du quart-monde, même s’ils doivent, pour cela, revenir au statut de “colonie”, soit à un  état de semi-souveraineté.

Une obsession : Rome

La référence idéale de ces idéologues est Rome, mais il faudrait plutôt dire que l’empire forgé par l’Urbs est leur obsession. Les néo-conservateurs s’inspirent en effet del a grandeur de l’Empire Romain pour justifier leur propre politique et leurs propres idées. La guerre en Irak est gagnée, malgré les pronostics de quelques commentateurs qui prévoient un nouveau Vietnam; cette victoire a été rapide et facile, mais elle n’est que la deuxième étape, après l’Afghanistan, d’un projet qui vise à pacifier par la force des armes, l’ensemble du Moyen Orient, et non pas le dernier épisode. Après viendra le tour de la Syrie, de l’Iran et, plus tard, de la Corée et du Soudan.

Désormais, l’Amérique n’attend plus de solutions diplomatiques dans les situations potentiellement à risque; les Etats-Unis veulent désarmer tous leurs ennemis potentiels. Au vu de tout ce que nous venons d’écrire, il convient de se pencher une nouvelle fois sur les motivations qui ont poussé à l’intervention contre le régime de Saddam Hussein. Certes, le pétrole est important, mais ne constitue qu’un motif insuffisant. L’objectif réel de l’administration Bush est plus clairement d’ordre géopolitique  et géostratégique : il s’agit de contrôlerune zone de grande effervescence sur la planète, pour en faire le premier tremplin qui conduira à l’hégémonie définitive des Etats-Unis sur le globe tout entier.

L’Europe est l’ennemi principal

Dans toute cette agitation, le véritable ennemi des Etats-Unis, dans un futur proche, n’est autre que l’Europe, comme le laissent deviner les nombreux articles de Kagan. C’est l’évidence : en défendant toujours leurs seuls intérêts, les Etats-Unis finissent par fouler aux pieds les intérêts des autres puissances. Pourtant, malgré l’exposition explicite du projet impérial américain, très peu de voix isolées se sont élevées sur le vieux continent pour mettre les esprits en garde contre l’hyperpuissance à la bannière étoilée. Seuls quelques intellectuels venus d’horizons très divers comme Cardini, Hobsbawn et Massimo Fini ont formulé des analyses justes. Mais, parmi ces voix discordantes, il n’y a pas un seul homme politique, car, finalement, ni Chirac ni Schroeder n’ont pris de positions claires, qui soient diamétralement opposées aux vues de l’Amérique. En Europe, il manque un intellectuel de la trempe de Kagan, prêt à défendre nos propres intérêts avec la même rigueur, la même vigueur et la même verve.

Daniele PETRAROLI.

Article extrait d’Orion, n°224, mai 2003

Liste des articles déjà publiés sur la même thématique :

- Catherine OWERMAN : Les mouvements américains pour la paix, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°40, décembre 2002.

- Catherine OWERMAN : Bellicisme et pacifisme chez les conservateurs américains, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°41, janvier 2003.

- Helmut MÜLLER : Les éminences grises de Bush, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°42, février 2003.

- Prof. Paul GOTTFRIED : Les deux écoles de la politique extérieure américaine : “Straussiens” et “Réalistes”, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°48, août 2003.

samedi, 17 mai 2008

La Première Rome a abdiqué....

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SYNERGIES EUROPéENNES – AVRIL 2004
INLEIDING IN HET NEDERLANDS INTRODUCTION EN FRANçAIS
INTRODUCTION IN ENGLISH

Francesco BOSCO:
 

La “Première Rome” a abdiqué...
Plaidoyer italien pour l’Union et l’Idée eurasistes
 

ex: http://utenti.lycos.it/progettoeurasia/

NEDERLANDS: Beste vrienden, In Italië werden de beste teksten opgesteld op politiek vlak. De “Eurazische” beweging heeft aldaar  wel goed voet gevat. Bewijs : de webpages van http://utenti.lycos.it/progettoeurasia/  ; De tekst van Francesco Bosco die wij hier voorstellen herinnert ons aan daadwerkelijke feiten : wij zijn niet onafhankelijk, de politieke elites hebben gefaald, zijn volledig onbekwaam de nieuwe geopolitieke dynamieken in de wereld te verstaan. Boco stelt een Eurazische Unie voor, als geostrategisch blok tegen de poging van de VSA de globus de controleren.  Qua “Eurazië”, laat ons hier in Vlaanderen niet vergeten dat de Brusselse afdeling  van de Russische Witte emigratie “Eurazistiche” trends gekend heeft (zie het boek van Prof. Wim COUDENYS, Leven voor de Tsaar. Russische ballingen, samenzweerders en collaborateurs in België, Davidsfonds, Leuven, 2004, ISBN 90-5826-252-9).
 

FRANCAIS: Chers amis, En Italie, indubitablement, nous trouvons les meilleurs textes en matières politiques. Le mouvement “Eurasien” y a pris pied. La preuve? Les  pages sur la grande toile : http://utenti.lycos.it/progettoeurasia/  ;  le texte de Francesco Boco, que nous  vous présentons ici, nous rappelle quelques faits  bien réels : nous ne sommes pas indépendants, les élites politiques ont failli, sont totalement incapables de  comprendre les nouvelles dynamiques géopolitiques à  l’œuvre dans le monde. Boco propose une Union Eurasienne, en tant que bloc géostratégique contre la tentative américaine de contrôler le globe. Pour ce  qui concerne l’Eurasie, n’oublions pas qu’ici, à Bruxelles, la section de l’émigration russe blanche a connu des tendances eurasistes (voir à ce propos le  livre du Prof. Wim COUDENYS, Leven voor de Tsaar. Russische ballingen, samenzweerders en collaborateurs in België, Davidsfonds, Leuven, 2004, ISBN 90-5826-252-9).
 

ENGLISH: Dear Friends, No doubt, in Italy, they produce the best texts in political matters. The Eurasist movement could find a stronger base there as anywhere else in Europe. A proof?  The webpages of http://utenti.lycos.it/progettoeurasia/  ; Francesco Bosco’s text, that we present hereunder, reminds us of some cruel facts : we aren’t independant, the political elites failed, are totally unable to understand the new geopolitical dynamics of the current world affairs. Boco suggests a Eurasian Union, as a strategic block facing the US-American project of global control. What concerns Eurasia, we shouldn’t forget, here in Brussels, that the White Russian emigration here had Eurasian tendencies (see the new book of Prof. Wim COUDENYS, Leven voor de Tsaar. Russische ballingen, samenzweerders en collaborateurs in België, Davidsfonds, Leuven, 2004, ISBN 90-5826-252-9).

La “Première Rome” a abdiqué...
Plaidoyer italien pour l’Union et l’Idée eurasistes
ex: http://utenti.lycos.it/progettoeurasia/
 

Nous nous trouvons au beau milieu d’une époque de grands bouleversements. Aux peuples d’Europe et du monde s’ouvrent des perspectives de longue haleine et de diverses sortes, que l’on peut résumer, en substance, à deux positions principales : les pays collaborateurs seront absorbés par la puissance océanique, afin de former un bloc —la seconde possibilité— contre les pays “non alignés”, c’est-à-dire contre les pays qui cherchent à se soustraire au joug américain et choisissent la voie de l’indépendance.

Depuis quelque temps, face à cette perspective, on parle de la Russie comme de la puissance potentielle capable de guider la résurrection européenne et eurasiatique. Les dernières élections russes donne bon espoir pour l’avenir. Mais il vaut quand même mieux dire que la politique et la géopolitique ne se fondent pas sur des espérances mais sur des faits.

La dure réalité nous contraint de dire, effectivement, que, si, à l’Est la “Troisième Rome” reprend du poil de la bête et que l’ours russe se remet à rugir, le “Première Rome”, elle, la vraie Rome, a abandonné depuis fort longtemps le rôle qui lui revient de droit et qu’elle ne semble plus vouloir assumer.

Le problème, dont question, se pose surtout dans la perspective des scenarii politiques qui se manifesteront dans les prochaines décennies. Inexorablement, l’effondrement du capitalisme est prévisible, prévu par divers observateurs comme inéluctable. Nous devons dès lors prendre conscience de la situation : si, avant que cet effondrement ne soit effectif, nous ne sommes pas prêts, en tant qu’Européens et qu’Italiens, et si nous  ne sommes pas suffisamment indépendants des Etats-Unis sur le plan économique, alors nous risquons de subir une crise très dure, aux aléas peu clairs. Acquérir cette nécessaire indépendance économique ne peut venir que d’une alliance territoriale, économique et militaire avec la Russie et ses  satellites, c’est-à-dire amorcer le processus d’unification stratégique de l’Eurasie. Depuis longtemps déjà les Etats-Unis entreprennent d’encercler le territoire de la Russie, mais, indépendamment de cette stratégie, nous devons prendre en considération le cas de l’Italie, tel qu’il se présente à l’heure actuelle, et tel qu’il se développera  à coup sûr, et avec une intensité accrue, dans le futur.

En admettant qu’il faille d’ores et déjà envisager la possibilité concrète de former le continent-Eurasie, nous devons nous demander quels seront, dans ce contexte, le rôle et la fonction de l’Italie, nous demander si nous sommes prêts ou non pour ce grand bouleversement épocal.

Vu la situation qui prévaut aujourd’hui, la réponse à ces questions est évidemment négative sur toute la ligne.

Si, soudain, le bloc eurasiatique, dont nous espérons l’avènement, venait à se former, l’Italie serait en état d’impréparation totale, surtout à cause de l’absence d’une classe dirigeante qui serait en mesure de devenir un interlocuteur valable pour la Russie et qui pourrait faire valoir les droits et les intérêts de la “Première Rome”. Depuis plusieurs décennies, l’Italie est un pays asservi. Et le restera très probablement même si le “patron” change, à la suite de toute une série de circonstances fortuites.

Le fait majeur qui nous préoccupe est double : d’une part, le projet eurasien est l’unique alternative possible pour échapper à la domination de la puissance d’Outre Atlantique; d’autre part, on s’est jusqu’ici bien trop peu préoccupé de savoir qui devra prendre les rênes du pouvoir dans notre pays quand et si le changement survient. Nous pourrions tenir le même discours en changeant d’échelle, en passant au niveau européen...

Le “Mouvement Panrusse Eurasia” est puissant et influent en Russie; il est devenu un lobby proprement dit, un centre d’influence politique et culturel; il suffit de se rappeler qu’Alexandre Douguine, Président du Mouvement, dirige aujourd’hui une université où les idées eurasistes trouvent un très large écho.

Dans notre pays, nous devons déplorer l’absence d’un lobby eurasiste, d’un groupe de pression qui, au moment opportun, pourra s’imposer par l’action d’une classe dirigeante préparée, capable de mettre en valeur le rôle de l’Italie, un pays dont l’importance est fondamentale pour nouer des contacts avec les pays de la Méditerranée et pour jouer le rôle de médiateur incontournable dans les rapports avec les pays arabes.

Cependant les idées eurasistes en Italie ont pris pied depuis quelques années; elles ont connu une diffusion plutôt satisfaisante, si bien que, désormais, le concept d’”Eurasie” n’est plus inconnu. Toutefois, la lacune que présenterait l’Italie résiderait dans l’absence d’une classe dirigeante qui pourrait devenir un allié valable, et non une caste servile, pour la nouvelle Russie impériale.

Il  existe des maisons d’éditions et des intellectuels italiens qui diffusent inlassablement le message eurasiste; leur présence s’avère fondamentale pour notre avenir, mais elle est évidemment insuffisante. Le problème se pose donc en Italie: il faut donner vie à un Mouvement Eurasiste hypothétique, prêt à coopérer avec un mouvement analogue basé à Moscou, et capable de coordonner les ambitions  d’unification continentale, par le biais d’une activité de propagande bien capillarisée et bien ajustée.

Or, aujourd’hui, le problème premier est de former les futurs cadres dirigeants de ce mouvement appelé à garantir le destin grand-continental de notre peuple et de tous les peuples d’Europe. Le milieu, que l’on qualifie à tort ou à raison de “néo-fasciste”, est, qu’on le veuille ou non, le premier à avoir pris conscience de l’importance du projet “Eurasie” et des potentialités qu’il représente.

La création d’un centre d’influence, d’inspiration eurasiste, passe nécessairement par l’union des forces de tous ceux qui, indépendamment de leur formation politique, se sentent proches des positions eurasistes; mais chez la frange “anti-système” de la nébuleuse dite “néo-fasciste” qui représente, de fait, le principal réservoir d’hommes, d’esprits et de moyen pour réaliser cette tâche de rassemblement général.

Soyons toutefois bien clairs : dans l’appel à l’union que nous formulons ici, nous utilisons l’expression consacrée de “néo-fascisme” surtout pour identifier une aire politico-culturelle qui, finalement, s’avère vaste et variée, où se bousculent des conceptions politiques très diverses, mais que les médiats classent sous cette étiquette, qu’ils veulent infâmante et qu’ils assimilent systématiquement à des dérapages tapageurs, bien visibilisés et mis en scène par les services de désinformation ou de provocations en tous genres. Nous ne prendrons, dans cette aire politico-culturelle, que les éléments de fonds, indispensables à la formation des futures élites eurasistes, c’est-à-dire :

-  Il faut que ces milieux abandonnent tout nostalgisme absurde, cessent de cultiver les clichés incapacitants et mettent en terme à toutes les “führerites” personnelles.

-  Sans renoncer à leur passé politique, sans renoncer aux devoirs qu’ils impliquent, ces milieux devront nécessairement regarder vers l’avenir et se préparer en permanence à comprendre les dynamiques géopolitiques qui animeront la planète demain et après-demain.

-  En premier lieu, il s’agit de consolider le sincère sentiment européiste présent dans ces milieux (ndt :  depuis Drieu La Rochelle) et de le hisser à la dimension supérieure, c’est-à-dire à la dimension “eurasiste”;en Italie, cet européisme et ce passage à l’eurasisme devra s’allier à la conscience que notre pays est le réceptacle de la “Première Rome” et que ce statut l’empêchera d’accepter un rôle servile dans la nouvelle donne, c’est-à-dire dans l’hypothétique union eurasiatique.

-  Ces milieux devront développer les axes idéologiques d’une lutte radicale contre le capitalisme et le néo-libéralisme, que génère toute “démocratie” à la sauce américaine, et qui constituent des menaces mortelles pour tous les peuples d’Europe, car le message politique, historique et génétique, qu’ont légué au fil des siècles, les peuples d’Europe, est celui d’une fusion entre l’idéal communautaire et l’idéal impérial.

Si nous concevons l’aire dite “néo-fasciste” dans cette perspective, et si nous nous adressons à elle, parce qu’elle est la plus idoine pour réceptionner notre message eurasiste, alors, en bout de course, le processus d’union continental euro-russe s’en trouvera facilité et accéléré.

Dans le cas où, dans le processus de formation du bloc eurasiatique, l’Italie ne se serait pas préparée à la nouvelle donne, et si les élites, dont nous entendons favoriser l’avènement, auraient été contrecarrées dans leurs desseins, rien ne changera, ou quasi rien, par rapport à la situation actuelle, comme toujours dans notre pays, la classe dirigeante sera formée d’opportunistes serviles, obséquieux devant le patron du jour, indignes d’assumer la fonction qu’ils occupent, installés au pouvoir par pur intérêt personnel.

Nous devons nous rappeler, ici, les enseignements de Machiavel, qui nous disait que l’aide des armes d’autrui est utile en soi, mais calamiteuse dans ses conséquences, “parce que, si l’on perd, on reste vaincu, si l’on gagne, on demeure leur prisonnier”. Dans les conditions actuelles, donc, qui découlent de la victoire américaine de 1945 en Europe, nous ne pouvons espérer être libres un jour, sauf si nous conquerrons le pouvoir à l’aide de nos seules forces et de notre détermination; nous ne le serons que si nous obtenons une Europe souveraine, indépendante et armée, prélude à une Eurasie impériale, fédérale et armée.

L’Union avec la “Troisième Rome” ne signifie pas une soumission servile aux volontés de Moscou, au contraire, elle signifie la réaffirmation des valeurs et de l’importance de la “Première Rome”  —et pas seulement sur le plan géopolitique— une “Première Rome” dont nous devons nous enorgueillir d’appartenir et dont nous devons nous faire les nouveaux hérauts.

L’Eurasie est un destin, une union continentale à laquelle l’Europe et la Russie ont toujours secrètement aspiré, comme soutenues par un esprit, un moteur invisible. Dans le passé, cette union a échoué. Cet échec nous enjoint à ne plus commettre les erreurs du passé, à nous préparer pour les bouleversements de l’avenir.

Francesco Boco, Belluno, 30 décembre 2003.

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samedi, 03 mai 2008

Les renseignements occidentaux en Tchétchénie

Tchétchénie: le renseignement occidental soutenait les séparatistes (TV)

 

MOSCOU, 22 avril - RIA Novosti. Les services secrets occidentaux ont mis au point dans les années 1990 un plan visant à rendre effective l'indépendance de la Tchétchénie vis-à-vis de la Russie, affirme un documentaire intitulé "Plan Caucase" qui sera diffusé mardi soir sur la chaîne publique russe Pervi Kanal.

Selon un communiqué publié par la chaîne, la France imprimait des passeports d'Itchkérie (le nom donné à la république par les séparatistes), et des armements étaient acheminés vers la république à travers la Géorgie dans le cadre de cette opération.

Le citoyen turc d'origine tchétchène Aboubakar, connu depuis 40 ans sous le pseudonyme de Berkan Iachar, à la suite d'un contrat signé avec la CIA, raconte l'organisation dans les années 1990 d'une plateforme politique visant à obtenir la sécession de la république russe.

Selon lui, ce projet était financé par plusieurs Etats. Les passeports destinés à la République d'Itchkérie étaient imprimés par la France, la monnaie était fondue en Allemagne.

"Dans les années 1990, Aboubakar devient en quelque sorte l'éminence grise à travers laquelle on réalise les transactions financières plus ou moins juteuses destinées aux combattants du Caucase du Nord", affirment les réalisateurs du documentaire.

Selon eux, une des affaires les plus secrètes remonte au temps du leader séparatiste Djokhar Doudaïev dans les années 1990. M. Iachar participe alors à la mise au point d'un plan visant à acheminer illégalement des pierres précieuses à l'aéroport de Grozny.

"Le bénéfice dégagé servait à acheter des armes. Il ne s'agissait pas de sommes très importantes, entre 10 et 20 millions de dollars à chaque convoi", a confié Aboubakar, selon lequel cette filière n'a été découverte que plusieurs années plus tard.

"Ce ne sont que quelques exemples du soutien fourni par les services secrets étrangers à la sécession de la Tchétchénie", affirme le documentaire.

RIA NOVOSTI

http://fr.rian.ru/russia/20080422/105603573.html<......

jeudi, 01 mai 2008

G. Faye : Euro-Russie

Guillaume Faye
EURO-RUSSIE: BASES CONCRÈTES
D’UNE FUTURE CONFÉDÉRATION IMPÉRIALE

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Intervention au Colloque de Moscou de juillet 2007

  J’avais nommé l’idée d’une union continentale entre tous les peuples d’origine européenne, de la France à la Russie, de l’Atlantique au Pacifique “Eurosibérie”. Et mon ami Pavel Toulaev m’a fait discrètement remarquer qu’il faudrait mieux parler d’Euro-Russie.-, parce que la Sibérie est au fond un terme géographique et la Russie un terme ethnique et historique.  Je pense qu’il avait raison. Mieux vaut parler pour ce projet d’Euro-Russie
 

La confédération impériale euro-russe,
projet mobilisateur pour le XXIe siècle.

  Une telle idée n’est pas destinée à s’appliquer pragmatiquement dans les dix ans à venir, évidemment ! Il s’agit d’une “utopie positive ” ou de la construction d’un “mythe agissant”.  Au XVIIIe siècle, l’idée de l’Union de l’Europe occidentale avait pris corps et s’est finalement réalisée (avec de redoutables imperfections) ; au XIXe siècle, les fondateurs de l’idée sioniste ont réussi à aboutir à la création de l’État d’Israël. Les Pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique au XVIIe siècle ont réussi leur pari. De même aujourd’hui, l’idée d’une Union impériale et fédérale de l’Europe occidentale, de l’Europe centrale et de la Russie doit être envisagée, pour servir de modèle aux générations futures qui devront la réaliser.

  Ce projet prolonge et dépasse à la fois l’Union européenne, qui, à mon avis, était un moment dialectique important dans l’histoire mais a atteint ses limites et s’avère, à mon sens, aujourd’hui, un échec. Pourquoi un échec ? Parce que l’Union européenne n’a pas été capable d’affirmer la souveraineté de l’Europe comme grande puissance face aux USA, parce qu’elle a été incapable d’éviter l’invasion de l’Europe par les populations du tiers monde et de l’islam. Pis encore, l’Union européenne en vient aujourd’hui à nier et à détruire l’idée même d’Europe par le projet d’y faire participer la Turquie, voire même pour d’autres politiciens irresponsables, les pays du Maghreb.  Néanmoins, je le répète, l’Union européenne était dialectiquement importante (au sens hégélien) mais elle doit être maintenant être dépassée, surmontée et prolongée, à la fois négativement et positivement, par l’Union euro-russe.  

  L’idée selon laquelle les peuples européens sont extrêmement différents les uns des autres et que les Russes sont encore plus différents des autres doit être soumise à une sorte de relativisme critique. L’idée de divergence entre les peuples de souche européenne sera de moins en moins vraie au cours du XXIe siècle. Ce siècle verra surgir une opposition de plus en plus grande entre les peuples d’origine européenne et tous les autres. Et nous allons tous prendre progressivement conscience, des rives de l’Atlantique à la Sibérie, que l’ensemble euro-russe forme une unité homogène relative de civilisation, de culture, d’histoire, de mentalité et de potentiel génétique.  Un Breton ou un Catalan de souche, un Bavarois, et un Russe de Carélie sont beaucoup plus proches entre eux sur le plan génétique mental et comportemental qu’il ne le sont d’un Chinois. Les racines culturelles, artistiques, historiques de la France ou de l’Italie sont beaucoup plus proches de celles de la Russie qu’elles ne le sont de l’Afrique francophone. 

  Si l’on raisonne en termes d’ethnopolitique autant que de géopolitique, l’ensemble euro-russe apparaît comme une nécessité vitale dans ce monde du XXIe siècle qui verra à la fois le choc des civilisations et la nécessité de se regrouper en grands blocs.

  Les esprits, dira-t-on, ne sont pas prêts pour un tel projet révolutionnaire. Mais avec les bouleversements du XXIe siècle, les choses pourront évoluer beaucoup plus vite que nous ne le pensons. Les grands principes concrets sont les suivants :
 

Quelle organisation politique et constitutionnelle ?
Le confédéralisme impérial.

  Il est impossible ici d’imaginer dans le détail la forme politique et constitutionnelle interne d’une union euro-russe, mais on peut néanmoins en poser les principes fondamentaux. Ils sont extrêmement éloignés de ceux de l’actuelle Union européenne qui n’est qu’un agrégat technocratique impuissant et flou, qui cumule tous les inconvénients du centralisme bureaucratique et de l’anarchie.

  1) Un faut un État central fort et maigre, centre de décision, comme un cerveau, qui possède le monopole de la politique étrangère et de la diplomatie, de la politique économique générale, de la politique monétaire, des forces armées et du contrôle des frontières extérieures communes ; et qui soit le garant des grands principes.

  2) Les différents peuples et nations doivent posséder la plus grande autonomie intérieure. Les “États” composant l’Union euro-russe pourront être les États actuels ou provenir du démembrement de certains d’entre eux en régions, qui seront ainsi de nouveaux États.  Tout État doit pouvoir sortir quand il le désire de l’Union et recouvrer sa souveraineté. Il est libre de posséder les institutions qu’il veut, libre de son système constitutionnel, judiciaire et éducatif, de sa politique fiscale et économique intérieure. Mais il doit, sauf à être expulsé de l’Union, respecter les grands principes fondamentaux dont il sera question plus loin et ne pas nuire aux autres États membres.

  3) La solidarité entre les États doit être assurée par des compensations financières organisées par l’État central.  

  Ce modèle s’inspire partiellement de la constitution des Etats-Unis d’Amérique, qui est la plus ancienne du monde et qui fonctionne assez bien.

  Mais il faut immédiatement préciser ici  que, dans un premier temps, cette Union Euro-Russe ne prendra pas nécessairement la forme d’un État confédéral, mais d’une sorte de concertation, d’entente entre les États européens et la Russie, une “union de nations”. Les choses doivent se construire de manière progressive et pragmatique. Et pourquoi ce mot « impérial » ? Parce que l’idée d’Empire, si elle bien comprise, est la libre association de peuples apparentés par la culture, la civilisation, la proximité raciale et la continuité géographique. Les ensembles hétérogènes finissent toujours par éclater. Il faut construire la Maison commune, pas à pas, progressivement, mais néanmoins dans l’urgence.
 

Quelle politique extérieure ? Le neutralisme de puissance

  L’alliance confédérale euro-russe affrontera trois menaces principales : l’une est le tiers monde sous la bannière de l’islam, par sa volonté de conquête sous le biais de l’immigration de masse. L’autre est le gouvernement de Washington, qui voit comme un cauchemar toute alliance euro-russe et qui tente par tous les moyens de nous affaiblir, de nous diviser, de nous encercler. La troisième est la Chine, qui nourrit une volonté mondiale hégémonique et qui d’ailleurs, s’emploie actuellement à peupler subrepticement la Sibérie russe.

  Il faut en finir avec l’OTAN, qui n’est rien d’autre qu’une structure de sujétion des Européens par les USA, et construire, dans un premier temps, une alliance militaire intégrée de tous les pays européens et de la Russie. 

  Sur le plan de la dissuasion nucléaire, il faudra coupler les forces françaises et les forces russes. La Grande-Bretagne ne pourra y participer que si elle libère de son asservissement aux Etats-Unis, ce qui n’est pas le cas actuellement.

  La politique étrangère de l’Euro-Russie devra être celle du « hérisson géant », avec ce double impératif : pas d’impérialisme vis-à-vis de l’extérieur, pas d’ingérence des puissances étrangères dans notre espace vital. Ce neutralisme est justifié par l’autosuffisance économique. Nous avons toutes les ressources, toutes les matières premières, et nous n’avons pas besoin des autres. Nous n’avons pas besoin d’aller guerroyer chez les autres`et d’imiter l’irresponsable impérialisme américain, mais nous ne pourrons pas tolérer que les autres viennent faire la loi dans notre espace vital. À l’inverse de ce que pratiquent les Etats-Unis, il ne saurait être question de menacer les autres mais d’assurer la défense rigoureuse de notre intégrité, de notre sécurité et de nos intérêts.

  Vis-à-vis des Etats-Unis, il ne s’agit pas de manifester de l’hostilité, mais de la méfiance.L’objectif est de convaincre les Américains que leur politique extérieure actuelle est erratique et stupide. Notre conviction doit être que la Américains ne  seront nos amis que s’ils admettent qu’ils ne sont pas les maîtres du monde. L’arrogance américaine est immature, infantile car elle ne débouche que sur des échecs. Mais, à partir du moment où  existerait un ensemble confédéral euro-russe, nous serions tout-à-fait d’accord pour coopérer avec les Américains si ces derniers renoncent à leur tradition impérialiste.

  Il faut également en finir avec cette “religion des droits de l’homme” inconsistante qui tient lieu à l’Union européenne actuelle de politique étrangère. De même l’ “aide au tiers monde ”, inutile et improductive, doit être remise en cause. La présence de l’islam sur le territoire de l’Union euro-russe devra être dans un premier temps jugulée et dans un deuxième temps drastiquement restreinte. Vis-à-vis du conflit israélo-arabe, la position doit être celle de la neutralité. Aucune participation militaire à une quelconque intervention de l’ONU hors de nos frontières ne peut être admise.

  Quelle organisation économique ? L’autarcie des grands espaces.

  Il ne faut pas s’inspirer du socialisme étatique, dans son organisation intérieure – inefficace – ni du capitalisme spéculatif mondialiste actuel. Un nouveau modèle économique pourrait se construire, fondé sur des principes que j’ai développé depuis longtemps en m’inspirant du Prix Nobel français d’économie Maurice Allais et du regretté Pr François Perroux, du Collège  de France, sous le thème général de l’économie organique qui est une troisième voie entre le socialisme et le capitalisme mondialisé.

  1) Refus du principe de libre-échange mondial (qui est catastrophique pour toute l’humanité) avec instauration de barrières douanières et de contingentements économiques protégeant l’espace euro-russe, autosuffisant dans tous les domaines, premier espace économique de la planète.

  2) En revanche, il faut un marché unique, une monnaie commune, un libre-échange intérieur dans l’espace euro-russe, un refus de l’économie assistée, socialisée, rigide, telle qu’on la pratique en France. Un libre capitalisme intérieur, qui formera une puissante dynamique, compte tenu de la taille gigantesque de l’ensemble euro-russe, tel est le choix qu’il faut faire.

  3) L’État central ne pourra intervenir dans l’économie que de manière politique, législative, planificatrice, et non plus financière. La fonction souveraine ne doit pas se substituer aux entreprises, mais définir de grands axes de politique économique. Il faut s’inspirer là du modèle très efficace des USA où l’État soutient les firmes sans entrer dans leur capital.

  4) Aucune prise de participation majoritaire dans le capital des grandes entreprises de l’Union ne peut être possible de la part d’investisseurs étrangers à l’Union. En revanche, les transferts financiers et les prises de participation à l’intérieur de l’espace euro-russe sont libres.

  5) Respect rigoureux de l’environnement, développement de l’énergie nucléaire, politique active de recherche et de haute technologie, notamment sur les énergies renouvelables, politique spatiale intégrée, construction de grands pôles aéronautiques et militaires strictement euro-russes, préférence systématique pour les firmes de l’espace euro-russe dans tous les grands marchés industriels (appels d’offres, mais aussi en matière de  commerce de produits agricoles ; interdiction pour les États de s’endetter pour les dépenses de fonctionnement, mais seulement d’investissement : tels sont quelques uns des principes économiques que devront impérativement respecter l’État central et les États membres.
 

Quels axes de politique intérieure? L’ethnocentrisme et le natalisme,
la justice sociale et la discipline collective

  Des principes généraux de politique intérieure doivent être contractuellement définis pour tous les États-membres, faute de quoi ils ne peuvent pas entrer dans l’Union ou doivent la quitter.

  1) L’Euro-russie, berceau des peuples blancs aujourd’hui sévèrement menacés dans leur démographie, doit se fonder sur le principe ethnocentrique de l’homogénéité ethnique. Il n’y a rien d’immoral à cela, puisque ce principe est appliqué par la majorité des pays du monde non-Blanc : Chine, Inde, Japon, Afrique, etc. Ce qui suppose  les principes constitutionnels suivants imposés à tous les États membres : refus de toute immigration de travailleurs extérieurs à l’espace euro-russe (sauf, par quotas, cadres supérieurs et personnels très qualifiés) ; interdiction du regroupement familial et du droit d’asile ; expulsion effective et administrative sans appel de tous les clandestins ; impossibilité pour les étrangers extérieurs à l’Union de percevoir la moindre allocation sociale ou de santé (fin des “pompes aspirantes ”) ; exclusion de tout ressortissant étranger à l’Union des élections ; expulsion immédiate et définitive de tout étranger à l’Union coupable du moindre délit ; abandon du droit du sol au profit du droit du sang (fin des naturalisations) ;  retour progressif au pays pour tous les immigrés du tiers-monde ; possibilité d’immigration libre et de naturalisations à l’intérieur seulement de l’espace euro-russe, pour ses citoyens, en fonction de la législation de chaque État.  Le critère ethnique doit être au centre du projet constitutionnel d’organisation intérieure. L’homogénéité ethnique blanche est le fondement du projet euro-russe, tout comme l’homogénéité ethnique noire est le fondement des Africains qui veulent, à juste titre, unifier leur continent. L’homogénéité ethnique est le socle même de la paix sociale et des libertés publiques, vérité de bon sens qu’avait parfaitement vue Aristote.

  2) Compte tenu du déclin démographique dramatique des peuples de l’espace euro-russe, chaque État sera tenu de mettre en œuvre une politique nataliste, qui ne pourra bénéficier qu’aux ressortissants de l’Union.

  3) Autres principes constitutionnels que devront respecter tous les États de l’Union et qu’ils mettront en œuvre selon leurs législations et leurs traditions propres : justice sociale, méritocratie, éducation disciplinée et s élective, égalité devant la loi, éradication de la pauvreté, répression impitoyable de la criminalité, politique familiale, prohibition des unions et adoptions entre homosexuels, etc.
 

*************

  Il s’agit simplement de s’unir pour affronter le monde extérieur de plus en plus menaçant.

  Et surtout, il faut reconnaître que ce qui divise, dans les mentalités, les habitudes culturelles, la mémoire historique, les Russes des Européens de l’Ouest est beaucoup moins important que ce qui nous unit tous. Et cela sera de plus en plus vrai au cours du XXIe siècle. Question cruciale : le nationalisme russe peut-il se sentir blessé et dépossédé par un tel projet impérial d’union euro-russe ? Non, dans la mesure où cette Union ne serait pas contraignante, mais volontaire et associative, et où les bénéfices pour la Russie seraient considérables.

  On m’a dit que l’ “âme russe ” se sentait partagée, voire déchirée entre l’Europe et l’Asie et que la Russie n’était donc pas vraiment européenne. Ce que signifierait le symbole de l’Aigle bicéphale qui regarde à la fois vers l’Orient et l’Occident. Mais je pense que cela est un sophisme géographique. Les Russes n’ont rien d’un peuple “semi-asiatique” ; c’est un peuple européen qui a conquis une partie de l’Asie géographique et qui se l’est appropriée. L’opposition entre les Russes et les Slaves de l’Est d’une part, et les autres Européens de l’Ouest d’autre part est beaucoup forte qu’on ne croit. Nous appartenons tous à la même souche génétique ,éthnique et civilisationnelle, à une grande famille, dont les différences sont moins importantes que les ressemblances..
 

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  On me reprochera de ne pas avoir parlé de « démocratie » ? C’est volontaire, car on ne sait plus du tout ce que ce terme, employé par tous les régimes politiques du monde entier, veut dire. Dans l’Union européenne, où le peuple est totalement dépossédé des grandes décisions le concernant (notamment en matière d’immigration, d’ouverture incontrôlée des frontières, de politique économique, etc.), les dirigeants se vantent de représenter le modèle supérieur mondial de démocratie et de culte des “droits de l’homme”. Or la liberté d’opinion n’y est pas respectée, puisque , par exemple, on ne peut pas dénoncer l’invasion par l’islam et le tiers-monde sans être criminalisé comme « raciste » par un arsenal législatif et un système judiciaire néo-totalitaire. Le concept de démocratie, tel qu’il est utilisé en Occident, est tout à fait voisin,  dans le simulacre et le mensonge sémantique (mais en plus subtil et “publicitaire”), de la propagande communiste soviétique. L’Union européenne, telle qu’elle fonctionne actuellement, avec un Parlement sans pouvoir et une technocratie non-élue mais omnipotente, ne peut pas prétendre respecter la volonté des peuples. Elle a inventé la pratique de la tyrannie douce. De même, c’est au nom de sa croisade pour la fameuse “démocratie” que le gouvernement de Washington a semé un indescriptible désordre au Proche-Orient et s’emploie actuellement à essayer d’encercler et d’affaiblir la Russie et de pratiquer une ingérence dans ses affaires intérieures.

  C’est la raison pour laquelle, dans ce projet d’Union euro-russe, il est hors de question d’unifier sous un même modèle les pratiques institutionnelles et le droit interne des États membres. Simplement, ces derniers, et l’État central, s’il existe un jour, devront respecter les trois principes suivants : État de droit, élections libres au suffrage universel, référendums et respect absolu des décisions du peuple. Par peuple, il faut entendre évidemment le “peuple de souche”. En référence à la seule vraie démocratie, qui n’est ni occidentalo-américaine, ni socialiste ou communiste, mais d’origine grecque et athénienne. Inspirons-nous de Périclès et de l’esprit d’Athéna.
 

*********

  J’ai bien  conscience qu’un tel projet d’Union euro-russe est très complexe. Tout cela suppose un renversement des mentalités, l’Umwertung, dont parlait Nietzsche, qui était aussi adepte de la «grande politique». Mais ce renversement, cet orage mental viendront avec les catastrophes qui s’annoncent. Ces catastrophes sont dialectiquement positives– et là, je me réclame de Hegel et de sa  «poursuite de la Raison dans l’Histoire». Sauf que Hegel avait compris un mécanisme implacable sans en voir le sens. Cette « raison » n’est pas une transcendance, mais l’union possible d’une grande tendance historique implacable et d’un volonté politique exceptionnelle qui utilise et renverse le chaos créé pour le métamorphoser en nouvel ordre.   Les fatalistes, les matérialistes (qu’ils soient marxistes ou libéraux, ce sont exactement les mêmes philosophiquement), les traîtres, les nationalistes étroits, les faux sages, les déprimés et déçus de l’Histoire, les progressistes accrochés à leurs fausses prophéties, les optimistes hallucinés,  les conservateurs nostalgiques, les calculateurs politiciens décadents, les intellectuels dans leur tour d’ivoire n’ont jamais compris que le destin des hommes et des peuples n’était jamais écrit d’avance, que rien n’est jamais nécessairement perdu ni gagné. 

  Deux questions difficiles à résoudre se posent maintenant : tout d’abord, quelle capitale fédérale pour l’Union euro-russe ? Il ne saurait être question que ce soit Paris, Berlin ou Moscou car alors, on soupçonnerait des calculs matérialistes.  Je propose – comme l’ont fait le Brésil ou les USA – de créer de toutes pièces une capitale nouvelle, qui serait autant une oeuvre politique qu’architecturale, à l’image de Saint-Pétersbourg ; mais reste évidemment à déterminer dans quel pays.

  La seconde question qui se pose est : quelle langue de travail dominante ? Quelle sera la langue de l’État central et fédéral?  Le système plurilingue actuel de l’Union européenne est très coûteux, anarchique, et aboutit de fait à une domination de l’anglais, ce qui n’est pas une bonne chose. Il ne faut pas créer une langue artificielle, comme l’espéranto, ça ne fonctionne jamais. Cela ne peut être une grande langue, comme le russe, l’allemand ou le français, au risque de vexer les autres`peuples. Je vais faire une proposition surprenante : pourquoi pas le breton ? C’est une langue vivante, parlée, moderne, très structurée, que les élites politiques du Continent pourraient facilement apprendre. Encore une suggestion qui est destinée à faire son chemin …

  Pour l’instant les esprits, que ce soit en Europe occidentale ou en Russie, ne sont pas encore prêts à un tel bouleversement de perspective. On m’a toujours reproché ma mentalité utopique. Les intellectuels français pensent que je manque de sagesse, mais moi, je pense qu’ils manquent de courage. Mais aussi de lucidité. Il faut avoir confiance, car on observe qu’aujourd’hui l’histoire ressemble à un cheval qui court au galop. Nous devons apprendre à la prochaine génération la réalité suivante : de Brest, à la pointe de la Bretagne, jusqu’ à Providenia, sur le détroit de Behring, existe l’espace vital d’un même peuple : le nôtre. Marx disait : «prolétaires de tous les pays, unissez-vous !». Murmurons plutôt : « Blancs de tous les pays, unissez-vous !  Autour de la confédération impériale euro-russe.Et réfléchissons dès aujourd’hui à sa future organisation, car les idées font leur chemin dans l’Histoire, comme les vers dans les fruits mûrs.

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mercredi, 23 avril 2008

Die NATO als Instrument der Globalisierer

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Richard MELISCH:

Die NATO als Instrument der Globalisierer
Ein neues Strategiepapier und der »German Marshall Fund«

http://www.deutsche-stimme.de

Am 28. Januar 2008 stand im britischen Guardian zu lesen, daß ein von führenden NATO-Offizieren verfaßtes vertrauliches Manifest aufgetaucht ist, in dem diese fordern, der Westen müsse sich eine neue globale Strategie zulegen, um sowohl mit atomaren als auch anderen Massenvernichtungswaffen Präventivschläge gegen den immer brutaler auftretenden Terrorismus in der Welt zu führen.

Nachdem es bereits dem Pentagon und dem NATO-Generalsekretär Jaap de Hoop Scheffer unterbreitet worden war, würde dieses Manifest nun bei der im April stattfindenden NATO-Konferenz in Bukarest zur Diskussion gelangen. Darin warnen die Autoren General John Shalikashvili (ehemaliger Vorsitzender der vereinten US-Generalstabschefs und Oberkommandierender der NATO in Europa), General Klaus Naumann (Generalinspekteur der Bundeswehr von 1991 bis 1996 und anschließend bis 1999 Vorsitzender des NATO-Militärausschusses), General Henk van den Breemen (ehemaliger holländischer Generalstabschef), Admiral Jacques Lamxade (ehemaliger französischer Generalstabschef) sowie Feldmarschall Lord Inge (ehemaliger britischer Generalstabschef) – die Elite also dieser dem Kommando der USA gehorchenden multinationalen Mischtruppe – vor der mangelnden Bereitschaft des Westens, neuen Bedrohungen und Herausforderungen entschlossen entgegenzutreten, die sich nach den Ereignissen des 11. September 2001 ergeben hätten.
Obwohl sich die Werte und auch die Lebensweise unserer westlichen Zivilisation in höchster Gefahr befänden, mangele es unserer westlichen Wertegemeinschaft am nötigen Willen – so die fünf Fünfbesternten – diese zu verteidigen. Es gelte, folgenden Bedrohungsszenarien unbedingt vorbeugend zu begegnen:
– dem politischen Fanatismus und religiösen Fundamentalismus,
– dem internationalen Terrorismus, dem organisierten Verbrechen, der Verbreitung von Massenvernichtungswaffen,
– der Erderwärmung und Energieversorgungskrisen, die Verdrängungskämpfe und Wanderbewegungen von gewaltigen Menschenmassen auslösen würden,
– der Schwächung der Wehrfähigkeit von nationalen Armeen sowie der UNO, NATO und der EU.
Um diesen Gefahren zu begegnen, wollen die fünf Offiziere ein Umdenken im NATO-Entscheidungsprozeß herbeiführen und fordern deshalb ein neues »Direktorium«, das aus amerikanischen und europäischen Entscheidungsträgern zusammensetzt ist, über die volle Entscheidungsgewalt verfügt und jede Art von Quertreibereien seitens der EU oder interne Querelen innerhalb der NATO außer Acht lassen kann. Weiters fordern sie:
– statt Einstimmigkeit nur noch Anerkennung des Mehrheitsprinzips bei allen Abstimmungen,
– Abschaffung jeglichen nationalen Einspruchrechts gegenüber Entscheidungen der NATO,
– keine Mitbestimmung für Mitglieder, die an den NATO-Einsätzen nicht teilnehmen,
– NATO-Militäreinsätze auch ohne Genehmigung des UNO-Weltsicherheitsrates, wenn es um den Schutz von Menschenleben geht.

Wörtlich heißt es in dem Beitrag: »Im Zuge der scharfen Kritik, die der amerikanische Verteidigungsminister Robert Gates gegenüber einigen Mitgliedern auf Grund ihrer schwachen Leistungen im Kampf gegen den Terrorismus in Afghanistan erhoben hatte, bemängelten auch die fünf genannten Generäle, hier stehe überhaupt die Glaubwürdigkeit der NATO auf dem Spiel, ja sogar ihr Versagen sei nicht mehr auszuschließen. In der Kritik gegen sein eigenes Land tat sich besonders Naumann hervor: Es sei jetzt die Zeit gekommen, da Deutschland entscheiden muß, ob es als Partner noch ernstgenommen werden will. Mit ihrem Beharren auf Extrawürsten für ihr Kontingent im Norden Afghanistans würde die deutsche Regierung zur Auflösung der NATO beitragen. Naumann gibt zu, daß der atomare Erstschlag sogar unter den fünf genannten Generälen nicht unumstritten ist, doch bilde diese Option ein zentrales Element in den Überlegungen der NATO-Strategen, auch wenn einige von ihnen dies nicht offen bekennen wollen.«
Soweit im großen und ganzen der Bericht des britischen Guardian, wäre da nicht der folgende Absatz, dem der Leser auf den ersten Blick wenig Aufmerksamkeit schenkt: »Ron Asmus, Direktor des ›German Marshall Fund‹ in Brüssel und ehemals hoher Beamter im US-Außenministerium, bezeichnet dieses Manifest als einen Alarmruf zur rechten Zeit, denn hier hätten führende NATO-Generäle zum Ausdruck gebracht: ›We are in trouble (Wir stecken in Schwierigkeiten), der Westen läßt sich treiben und stellt sich nicht den Herausforderungen‹.«

Wer oder was versteckt sich hinter diesem »deutschen Fonds«?

Auf seiner Netzseite stellt sich dieser als »German« bezeichnete »Marshall Fund« und dessen Brüsseler Büro, das von einem Amerikaner geleitet wird, als wichtiges Hilfsmittel des transatlantischen Dialogs im Herzen Europas dar, wobei Ron Asmus großes Verständnis für die europäische Politik attestiert und sein reicher Erfahrungsschatz in europäischen Angelegenheiten hervorgehoben wird. Diese Fähigkeiten seien im ständigen Kampf um die Erweiterung und Ausbreitung von NATO und EU in alle Himmelsrichtungen unverzichtbar, vor allem im Hinblick auf die gemeinsame Politik der USA und Europas in Sachen Türkei, Ukraine, Schwarzmeer-Region und des »Erweiterten Nahen Ostens«. Der »German Marshall Fund« wird im Internet als eine 1972 gegründete amerikanische Einrichtung vorgestellt, mit dem Ziel, eine engere Zusammenarbeit und ein besseres Verständnis zwischen den USA und Europa herbeizuführen. Finanziert wird diese Institution von Deutschland, aus Dankbarkeit für und im Gedenken an den amerikanischen Marshall-Plan. Neben seinem Hauptquartier in Washington unterhält dieser Fonds Zweigstellen in Berlin, Brüssel, Paris, Bratislava (!), Belgrad (!), Bukarest (!) und Ankara (!).
Freude kommt beim deutschen Steuerzahler auf, wenn er aus der Netzseite dieses »German« Fonds erfährt, daß dieser sich für den EU-Beitritt der Türkei einsetzt, denn sie sei die einzige Demokratie in der islamischen Welt, erfülle deshalb eine Brückenfunktion von Europa hinüber nach Asien und stelle auf Grund ihrer geostrategischen Lage einen großen Gewinn für EU und NATO dar. Noch mehr Freude kommt beim zuwanderungsgeplagten deutschen Michel auf, wenn er über die Förderung von vielerlei Migrations- und Integrationsprogrammen durch den »German Marshall Fund« liest, und richtige Jubelstimmung breitet sich bei den EU-europäischen Spitzennettozahlern angesichts einer Studie des »German Fund«-Direktors Ron Asmus zur Frage der Aufnahme Israels in die EU und in die NATO aus, eine Forderung, die von ihm, trotz einiger Skepsis gegenüber so manchen noch zögernden und sich zierenden Europäern, aus ganzem Herzen unterstützt wird.
Hier einige seiner Argumente: Immer stärker würde sich der Schwerpunkt der Euro-Atlantischen strategischen Allianz in den »Erweiterten Nahen Osten« verlagern, wo das größte Gefahrenpotential lauert: Das Netzwerk der Al Qaida sei noch längst nicht zerstört, Rußland schlage einen antidemokratischen Kurs ein, und in Weißrußland herrsche ein Diktator. Brüssel habe die volle Integration der Türkei in die EU beschlossen, um sowohl ihren Einfluß östlich des Schwarzen Meeres zu verstärken als auch den Demokratisierungsprozeß in der Ukraine voranzutreiben. Es sei jetzt im gegenseitigen Interesse Israels, der EU und der USA, sich im Krieg gegen den Terror enger aneinander zu schließen, um den tödlichen Gefahren zu begegnen, die von fundamentalistischen Ideologien ausgehen, deren Anhänger nicht davor zurückschrecken würden, Massenvernichtungswaffen einzusetzen. Die Gefahr für Israels Sicherheit, aber auch für die Sicherheit der USA und der EU-Staaten, die von dem nuklear gerüsteten Iran und dem vielleicht bald ebenso gerüsteten Ägypten ausgehen, seien zwingende Argumente für eine Eingliederung des Zionistenstaates in EU und NATO. Truppen der Allianz könnten Israels Grenzen beschützen und im Gaza-Streifen für Ordnung sorgen. Dies würde in Israel das Gefühl der Isolation mindern, seinen Bürgern im Falle militärischer Auseinandersetzungen mit seinen Nachbarn ein Gefühl zusätzlicher Sicherheit vermitteln, Zugang zu neuen Märkten erschließen und die Stabilität ihrer Währung gewährleisten. Eine Partnerschaft Israels mit NATO und EU wäre ein eindeutiges Signal an alle Staaten des »Erweiterten Nahen Ostens«, daß die Euro-Atlantische Allianz nunmehr offen für Israel Partei ergriffen hat. Dies würde weder zu einer weiteren Radikalisierung führen noch Ausbrüche von neuen antiwestlichen Feindseligkeiten nach sich ziehen, sondern die widerspenstigen Völker und Herrscher in der Region davon überzeugen, daß sich der Widerstand gegen »Democracy«, den liberalen »way of life« und westliche Werte niemals auszahlt.
Der politisch halbwegs informierte deutsche Medienkonsument wird angesichts dieser eindeutig globalisierungsfreundlichen Ziele des »German« Fonds kaum verwundert sein, auf dieser Netzseite unter seinen vielen »Partnern« und Förderern die folgende Namen zu finden: Die Bertelsmann Stiftung, das Council on Foreign Relations, die ERSTE Stiftung (aus dem neutralen Österreich!), das deutsche Innenministerium, die Heinrich Böll-Stiftung (mit dem Beinamen: »die Grüne politische Stiftung!«), die Konrad Adenauer-Stiftung, die Rockefeller Foundation und eine ganze Reihe weiterer Einrichtungen, deren ehrenwerte Führungs-»Eliten« sich wohl schon von Davos, vom Forum Alpbach und von den Bilderberger-Treffen her kennen.
Es stellt sich die Frage, ob die politisch korrekten Entscheidungsträger der genannten und ungenannten Partner und Förderer der Globalisierung bereit gewesen wären, ihre vielen Millionen an Spendengeldern in diese Werbe- und Hilfsorganisation von NATO und EU zu versenken, wenn sie vorher Kenntnis von deren geheimen Kriegsplänen und angedachten präventiven atomaren Erstschlägen erlangt hätten? Wußten sie denn wirklich nicht Bescheid? Doch jetzt wissen sie Bescheid! Werden ihre Millionen trotzdem weiter fließen? Eine Gewissensfrage; doch wo spielt Gewissen heute noch eine Rolle? Die alten Römer hatten es da besser, denn sie konnten sich auf eine fähige und zuverlässige Regierung verlassen: »Videant consules ne quid res publica detrimenti capiat« (Mögen die Consuln danach sehen, daß der Republik kein Schaden erwachse). Doch wer und wo sind heute die »Consules«, die willens und fähig wären, unsere Republik vor Schaden zu bewahren?

Eine warnende Stimme aus den USA

Selbstverständlich ist auch in den USA das »rein zufällige Auftauchen« dieses NATO-Strategiepapiers nicht unbemerkt geblieben. In der American Free Press vom 11. Februar nimmt sich der amerikanische Publizist Mark Glen dieses Themas an: »Es war zu erwarten, daß die neokonservativen Kriegstreiber und ihre Hintermänner alles in ihrer Macht tun würden, um den aus den ›National Intelligence Estimates‹ (nationalen Geheimdienstauswertungen – NIE) gewonnenen Erkenntnissen, der Iran produziere keine Kernwaffen, mit allen Mitteln entgegentreten würden, auf daß sie den von ihnen seit langem geplanten Krieg gegen den Perserstaat endlich umsetzen können.« Die Kriegstreiber in den USA und Israel hätten klargestellt, die Erkenntnisse des NIE seien bedeutungslos, denn ein von fanatischen Mullahs regierter und nuklear gerüsteter Iran würde unweigerlich die Entscheidungsschlacht Armageddon nach sich ziehen. In seiner Rede zur Lage der Nation schloß sich Präsident Bush dieser Meinung an: »Wir werden auf jeden Fall unsere überlebenswichtigen Interessen im Persischen Golf schützen!« Wobei die Frage sicher berechtigt ist, wie sich denn Amerika verhalten würde, wenn iranische Kriegsschiffe im Golf von Mexiko kreuzten, um dort die »lebenswichtigen Interessen« des Iran zu schützen?
Zuguterletzt hat sich auch Norman Podhoretz, einer der ärgsten neokonservativen Kriegshetzer, zu Wort gemeldet und zugegeben, er würde täglich dafür beten, daß Bush noch vor dem Ausscheiden aus seinem Amt den Iran vernichtet. Deshalb fordert er in einem Beitrag für das neokonservative Commentary Magazine, Präsident Bush möge endlich den Iran angreifen, und wenn er es nicht täte, dann müsse dies der nächste Präsident schleunigst tun. Podhoretz beschreibt ein apokalyptisches Szenario, in dem der von finsteren Mullahs beherrschte Iran eine latente Bedrohung für das friedliche Israel darstellt, dem die USA bedingungslos beistehen müßten.
Als hätte John McCain, wahrscheinlich der nächste US-Präsident, den Ruf des Podhoretz vernommen, schrieb er Ende Februar 2007 in der Washington Post: »Den echten Beweis für den gerechten Einsatz unserer Streitmacht und für unsere hinter diesem stehenden moralischen Beweggründe ist dadurch erbracht, daß wir nicht nur den Irak von einer Diktatur befreit haben, sondern dem irakischen Volk dabei helfen, eine demokratische (!) Zukunft zu sichern. Das ist der Beweis, daß wir kein Imperium erschaffen wollen, sondern unsere Macht ausschließlich zu moralischen Zwecken benützen.«

Das irakische Volk läßt grüßen!

Tagtäglich und getreu ihrem Auftrag verkünden uns Politiker und Medien der Großen Einheitspartei der Politischen Korrektheit voller Optimismus, wir lebten in der besten aller Welten. Während eingefleischte Pessimisten überzeugt sind, dies könnte sogar stimmen, müssen wir Skeptiker die Frage stellen, ob angesichts des Desinteresses an seinem Schicksal, seiner Bereitschaft zur Unterwerfung unter eine bald siebzig Jahre dauernde Fremdherrschaft und seines stets vorauseilenden Nachgebens gegenüber allen Forderungen, es sei denn, diese erfolgten im eigenen nationalen Interesse, es ungerecht und übertrieben wäre, zu behaupten, wir lebten in einer Zeit, da der deutsche Michel regelrecht darum bettelt, endgültig abgeschafft zu werden.

Buchempfehlungen: Melisch, Richard: Pulverfaß Nahost im Rückblick und Ausblick. 448 S., Broschur, 19,00 (Art.-Nr. 101129)
Melisch, Richard: Der letzte Akt – Die Kriegserklärung der Globalisierer. 380 S., Klappenbroschur, 55 Abb., 19,80 (Art.-Nr. 103880). Zu beziehen über den DS-Buchdienst, Postfach 100 068, 01571 Riesa, Tel.: 03525/5292-0, Fax: -23, E-Post: bestellung@ds-verlag.de

Richard Melisch

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mercredi, 16 avril 2008

Le Traité de Rapallo et ses suites

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Le Traité de Rapallo et ses suites

 

16 avril 1922 : Traité de Rapallo : l’Allemagne vaincue en 1918 et l’URSS, sortant de la guerre civile qui avait opposé Blancs et Rouges, concluent un accord bilatéral, sous la houlette de leurs ministres respectifs, Walther Rathenau et Georges Tchitchérine. L’URSS renonce à réclamer des réparations de guerre à l’Allemagne, qui, en échange, promet de vendre des biens et produits d’investissement infrastructurel à la Russie rouge. La conférence de Gênes avait été suggérée par la Grande-Bretagne, pour régler l’ordre d’après-guerre, après que l’URSS ait refusé de payer les dettes de l’Empire des Tsars. Les Britanniques suggéraient une reconnaissance de l’URSS, l’établissement de relations diplomatiques normales et, surtout, visaient à récupérer des intérêts dans les pétroles de Bakou. Le financement par les Britanniques de la contre-révolution blanche avait pour objectif principal d’éloigner le pouvoir rouge, centré autour de Moscou et de Petersbourg, des champs pétrolifères caucasiens : les artisans de cette manœuvre étaient Churchill et le magnat Deterding, de la Shell. L’échec des armées blanches et la reconquête soviétique du Caucase obligèrent les Britanniques à changer de stratégie et à accepter d’intervenir dans le fameux « NEP » (= « Nouveau Programme Economique », lancé par Lénine. Au même moment, les Américains commencèrent à s’intéresser, eux aussi, au pétrole du Caucase, espérant profiter des déconvenues britanniques, suite à la défaite des armées blanches. Avant le coup de Rapallo, imprévu, un conflit frontal entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se dessinait à l’horizon, ayant pour objet la maîtrise planétaire du pétrole. Il se poursuivit néanmoins, par personnes interposées, notamment en Amérique ibérique, mais le bloc informel germano-russe constituait désormais le danger principal, interdisant toute confrontation directe entre Londres et Washington.

 

Rathenau n’avait nulle envie, au départ, de lier le sort de l’Allemagne à celui de la jeune URSS. Mais le poids colossal des réparations, exigées par les Français et les Britanniques, était tel qu’il n’avait pas d’autres solutions. En 1921, Londres avait imposé une taxe prohibitive de 26% sur toutes les importations allemandes, contrecarrant de cette façon toute possibilité de rembourser les dettes imposées à Versailles dans des conditions acceptables. L’Allemagne avait besoin d’une bouffée d’air, d’obtenir des matières premières sans avoir à les acheter en devises occidentales, de relancer son industrie. En échange de ces matières premières, elle participerait à la consolidation industrielle de l’URSS en lui fournissant des biens de haute technologie. L’ « Ultimatum de Londres » de 1921 avait exigé le paiement de 132 milliards de marks-or, somme que John Maynard Keynes jugeait disproportionnée, si bien qu’elle entraînerait à terme un nouveau conflit. Pire : si l’Allemagne n’acceptait pas ce diktat, finalement plus draconien que celui de Versailles, elle encourait le risque de voir la région de la Ruhr, son cœur industriel, occupée par les troupes alliées. L’objectif était de pérenniser la faiblesse de l’Allemagne, de juguler tout envol de son industrie, de provoquer un exode de sa population (vers les Etats-Unis ou les possessions britanniques) ou une mortalité infantile sans précédent (comme lors du blocus des côtes allemandes dans l’immédiat après-guerre).

 

Avec le Traité de Rapallo, les Britanniques et les Français voyaient se dessiner un spectre à l’horizon : la relance de l’industrie allemande, le paiement rapide de la dette donc l’échec du projet d’affaiblissement définitif du Reich, et le développement tout aussi rapide des infrastructures industrielles soviétiques, notamment celles de l’exploitation des champs pétrolifères de Bakou, qui serait dès lors aux mains des Russes eux-mêmes et non pas de « patrons » anglais ou américains. Sur tout le territoire allemand, prévoyaient les accords bilatéraux de Rapallo, un réseau de distribution d’essence, dénommé DEROP (« Deutsch-Russische Petroleumgesellschaft »), permettant à l’Allemagne de se soustraire à toute dépendance pétrolière à l’égard des puissances anglo-saxonnes. Le 22 juin 1922, un peu plus de deux mois après la conclusion des accords de Rapallo, Rathenau fut assassiné à Berlin par un commando soi-disant nationaliste et monarchiste, relevant d’une mystérieuse « Organisation C ». A la fin de l’année, le 26 décembre 1922, Poincaré, lié aux intérêts anglais, trouve un prétexte –l’Allemagne n’a pas livré suffisamment de bois pour placer des poteaux télégraphiques en France-  pour envahir la Ruhr. Les troupes françaises entrent dans la région dès le 11 janvier 1923. Les Anglais s’abstiennent de toute occupation, faisant porter le chapeau à leurs alliés français, sur qui retombe tout l’opprobre dû aux 150.000 déportés et expulsés, aux 400 ouvriers tués et aux 2000 civils blessés, sans omettre dans cette sinistre comptabilité l’exécution du Lieutenant Léo Schlageter.

 

L’assassinat de Rathenau n’est pas un fait historique isolé. Les organisations terroristes, chargées d’exécuter les planificateurs politiques de stratégies industrielles jugées inacceptables pour Londres ou Washington, n’ont pas toujours eu une couleur monarchiste et/ou nationaliste, comme dans le cas de Walther Rathenau. Les services anglo-saxons ont aussi, pour exécuter leurs basses besognes, des pantins d’extrême gauche, notamment ceux de la RAF ou Bande à Baader. Ainsi, Jürgen Ponto, Président de la Dresdner Bank, qui avait planifié, avec les Sud-Africains, le retour de l’étalon-or pour pallier aux fluctuations du dollar et du prix du pétrole, fut assassiné le 31 juillet 1977 par des tueurs se réclamant de la Bande Baader-Meinhof. Quelques semaines plus tard, ce fut au tour du « patron des patrons », Hanns-Martin Schleyer. Mais ce n’est pas tout. Le 29 novembre 1989, la voiture blindée d’Alfred Herrhausen, directeur de la Deutsche Bank, explose. Herrhausen avait été le conseiller économique du Chancelier Kohl, à l’époque de la dislocation de l’empire soviétique et des manifestations populaires en Allemagne de l’Est réclamant la réunification allemande. L’Allemagne projetait d’investir dans les nouveaux Länder de l’ancienne RDA, dans les pays de l’ex-Comecon et en Russie. Les milieux financiers anglais et américains craignaient que cette masse de capitaux, destinés au développement de l’Europe centrale et orientale n’alimentât plus les investissements européens et allemands aux Etats-Unis, ne permettant plus, par conséquent, de maintenir le système américano-centré à flot. La presse anglaise venait de faire campagne, via notamment le « Sunday Telegraph », contre l’émergence d’un « Quatrième Reich ». Malgré l’assassinat de Herrhausen, le Chancelier Kohl annonça publiquement, quelques semaines plus tard, que son gouvernement envisageait le développement des grands moyens de communication en Europe, notamment la création d’un chemin de fer Paris-Hanovre-Berlin-Varsovie-Moscou.

 

La mort tragique de Herrhausen fut le premier acte d’une contre-stratégie anglo-saxonne : pour ébranler cet axe Paris-Berlin-Moscou en gestation, il fallait frapper à deux endroits, dans les Balkans, où commence alors le processus de dislocation de la Yougoslavie, et en Irak, site des principaux champs pétrolifères de la planète. De Rapallo aux guerres contre l’Irak et de celle-ci à la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo, il existe un fil conducteur bien visible pour ceux qui n’ont pas la naïveté de prendre pour argent comptant les vérités de propagande diffusées par les grands médias internationaux et les discours larmoyants sur les droits de l’homme bafoués que glapissaient les Lévy, Glucksmann et autres Finkelkraut (Robert Steuckers).

 

Source (à lire et à relire !) : William ENGDAHL, « Pétrole : une guerre d’un siècle – L’ordre mondial anglo-américain », Ed. Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 2007, ISBN-978-2-86553-200-1, pour consulter le programme de l’éditeur : www.editionsjcgodefroy.fr .  

 

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mardi, 08 avril 2008

Maroc: paradis artificiel?

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Christian MAROT:

Le Maroc : un paradis artificiel ?

 

Le Maroc dispose de deux “ vaches à lait ”, la drogue et les émigrés, lesquels rapatrient au pays une partie des devises gagnées en Europe. Ce sont ses deux principales ressources.

 

Chiffres… hallucinants

 

En ce qui concerne la drogue, les chiffres sont, sans mauvais jeu de mots, hallucinants ! Qu’on en juge : Le Maroc est le premier exportateur mondial de haschisch, le premier fournisseur de cannabis du marché européen. Les surfaces consacrées à la production de cannabis ont été multipliées par 6 en dix ans. Le kilo de haschisch acquis 200 $ au producteur est revendu sur le marché européen 13 000 $, si ce n’est davantage. Sachant qu’un hectare produit 60 kg de haschisch, et que dans le Rif, et principalement dans la vallée de Ketama, au moins 80 000 ha sont dévolus à la culture du cannabis, il  est facile de calculer que le rapport total est de l’ordre, au moins, de 62 milliards de dollars ! En fait, c’est très probablement davantage. Plus d’un million de Marocains, au pays ou en Europe, vivent grâce à la drogue ; au pays, ce sont plus de 200 000 personnes qui se partagent près d’un milliard de dollars, ce qui leur procure en moyenne à chacun un revenu annuel de l’ordre de 5 000 $, alors qu’en 1997, le PNB par habitant n’était, en moyenne, que de 1241 $ ! Et il n’est question ici que du seul cannabis. Nous verrons plus loin que le Maroc ne dédaigne pas d’autres substances, comme l’héroïne et la cocaïne. On peut dire que le Maroc est la plaque tournante des trafics de drogues à destination de l’Europe. Près des deux tiers du cannabis, et, globalement, 50%, de la drogue, consommés en Europe ont été produits ou ont transité par le Maroc. Ces chiffres découlent de ceux fournis par les Douanes, en fonction de l’origine des cargaisons de drogue saisies par leurs services.

 

On pourrait imaginer, compte tenu des problèmes de santé publique causés par la drogue, que les pays européens, réagissent vigoureusement, et exercent sur le Maroc de fortes pressions. En fait, en la matière, la politique européenne à l’égard du Maroc se limite à des aides financières pour promouvoir les cultures de substitution, qui, bien que très importantes en absolu, sont en fait dérisoires par rapport à l’amplitude du marché. 

 

L’Europe contre la drogue ?

 

Je place ici un point d’interrogation car on peut se poser certaines questions quant à la volonté des pays européens de vraiment lutter contre la drogue. Il n’est question que de dépénaliser, de libéraliser, de tolérer. Seule de tous les pays européens, la France semble se montrer plus ferme, mais nous verrons plus loin que les motifs de cette attitude sont moins honnêtes qu’il n’y paraît ! Aux Pays-Bas, le commerce et la consommation de haschisch sont légalement encadrés, sans que cela n’ait d’effets particulièrement positifs sur le trafic et le cortège de délinquances diverses qu’il entraîne, d’une part, ni sur la toxicomanie, avec les conséquences individuelles et sociales néfastes d’une telle pratique, d’autre part. En Belgique, les directives gouvernementales sont assez floues pour que la possession et la consommation de cannabis demeurent, en pratique, à l’abri de toute répression  Cette démission généralisée de nos gouvernements n’est pas acceptable.

 

En effet, bien qu’il ne soit pas dans le sujet de cet article de détailler tous les inconvénients de la consommation fréquente et, a fortiori, habituelle, de cannabis sous ses différentes formes, il nous semble quand même utile der rappeler les effets dévastateurs des drogues, y compris de celles abusivement dites “ douces ” comme celles provenant du cannabis. On sait en effet que la consommation de ce produit provoque des troubles sexuels, nuit à la fécondité, entraîne la naissance d’enfants d’un poids inférieur à la normale chez les femmes qui s’y adonnent ; par ailleurs, le cannabis fumé est 70 fois plus cancérigène que le tabac, et, globalement, le premier est 40 fois plus nuisible que le second ! Surtout, sa consommation conduit à des détériorations psychologiques (perte de mémoire, difficultés d’attention, apathie, démotivation, etc.) pouvant aller jusqu’à de graves problèmes relationnels et même à la schizophrénie. Lorsqu’en 1986, la navette Columbia explosa, entraînant la mort des six membres de son équipage, l’on s’aperçut que l’accident était dû à un enchaînement d’erreurs humaines dont les responsables étaient une équipe de techniciens, fumeurs habituels de marijuana. D’ailleurs, lors d’expériences effectuées sur des simulateurs de vol, on d’est rendu compte que les sujets ayant préalablement consommé du haschisch commettaient de graves erreurs de pilotage. Enfin, si, fort heureusement, tous les adeptes du cannabis ne finissent pas victimes d’autres drogues dites “ dures ” encore plus dangereuses, il est incontestable que tous les “ accros ” de ces substances fort nuisibles ont commencé par le “ joint ”. 

 

Pour des raisons diverses, de politique internationale, voire électoralistes, dans lesquelles la santé publique apparaît davantage comme prétexte que comme souci premier, les pays européens ont cependant décider de lutter contre la drogue à la source, c’est-à-dire dans les pays producteurs. La culture de plantes dont on peut extraire de la drogue étant une activité très rémunératrice, ils ont mis au point des programmes d’aides financières censées permettre la mise en œuvre de cultures de substitution sans que les agriculteurs ne soient trop lésés.

 

C’est ainsi que le 8 septembre 1993, la Communauté Européenne a lancé un plan pour l’éradication des cultures de cannabis au Maroc, en application des décisions prises lors de différents sommets, à Rome en 1990, à Lisbonne, en juin 1992, et, six mois plus tard, à Edimbourg. A ce titre, des sommes considérables ont été allouées pour la mise en place de cultures de substitution, soit, par exemple, de 1993 à 1995, 2,5 milliards de dollars. Or, le 30 octobre 1998 force était de constater que, malgré les sommes englouties, le plan avait subi un échec cuisant ; presque aucune culture alternative n’avait été entreprise. Mieux (ou pis !) les surfaces consacrées à la culture du cannabis n’avaient cessé d’augmenter. De 1986 à 2001, au Maroc, ces superficies sont passées de 11 500 hectares à plus de 80 000 et font vivre désormais plus de 200 000 personnes. Et encore ! D’après la Guardia Civil espagnole et la Fiscalia Italiana, ces chiffres pourraient être multipliés par cinq !

 

Cela n’a pas empêché les Européens de continuer de payer ! 580 millions d’euros en 2002, et il est encore prévu une rallonge de 70 millions d’euros pour atteindre 2004 !

 

Notons que les Européens sont seuls dans ce combat. En effet, l’administration Clinton avait refusé de faire figurer le Maroc sur la liste noire américaine, et il ne semble pas que sur ce point, l’administration Bush ait envie de changer de politique. Le Maroc, en effet, n’exporte pas de drogue vers les Etats-Unis, et ne gêne donc pas ce pays ; bien au contraire, en déversant sur l’Europe 80% de sa production, il contribue à affaiblir ce continent en corrompant sa jeunesse et en minant sa santé publique !

 

Je parlais tout à l’heure de la France. Ce pays a des liens économiques très étroits avec le Maroc, et l’on comprend que les gouvernements français, de droite comme de gauche, courtisent ce pays et son roi. Ainsi, la première visite à l’étranger effectuée par Jacques Chirac, fraîchement élu à la présidence de la République française, en 1995, fut pour le Maroc et son roi, Hassan II, lequel, entre parenthèses, fêta l’événement en faisant cadeau à son hôte d’une ferme située dans le Ouled Dzaïm, la région où Giscard d’Estaing, qui a de gros intérêts au Maroc, notamment dans les mines de phosphates, possède un grand domaine, mitoyen de celui du roi… Chirac promit à Hassan de lui faire obtenir une subvention supplémentaire de la part de la Communauté Européenne de 2 milliards de dollars pour, une fois encore, promouvoir les cultures de substitution… De retour à Paris, Chirac s’est lancé dans une diatribe extrêmement violente à l’encontre du “ laxisme ” su gouvernement néerlandais en matière de drogue, et, notamment, du cannabis. De mauvaises langues ont émis l’hypothèse que cette virulente sortie n’avait d’autre but que de complaire au roi, les cultures privées de cannabis qui se multipliaient aux Pays-Bas du fait de la tolérance des Autorités produisant localement un haschisch qui venait concurrencer celui venant du Maroc sur le marché ouest-européen ; il convenait donc d’essayer d’y mettre sinon un terme, du moins un frein...

 

Le problème du Maroc

 

En fait, le gouvernement marocain se heurte à un important problème politique. On sait que le Rif est une région traditionnellement insoumise, que les populations y sont rebelles, qu’elles supportent fort mal un pouvoir central “ arabe ” et féodal, alors qu’elles sont profondément enracinées dans leur culture berbère, démocratique et égalitaire, pour laquelle, d’ailleurs, elles revendiquent une plus grande place. Le pouvoir central, qui n’a jamais réussi à éliminer toute contestation de la région, craint, s’il prenait des mesures trop coercitives et trop radicales, de jeter une allumette dans le baril de poudre qu’est le Rif.

 

Quant aux aides financières européennes, pour importantes qu’elles soient en absolu, elles ne représentent pas plus de 1% des sommes rapportées par la drogue. Cette goutte d’eau dans l’océan nous coûte cher et ne peut qu’être inopérante, compte tenu de son montant ridicule en valeur relative. D’ailleurs, il a été prétendu qu’elles n’allaient pas aux paysans du Rif, mais tombaient directement dans l’escarcelle royale.

 

De l’autre côté, le Maroc est soumis, du moins apparemment, à la pression internationale, et plus particulièrement à celle des gouvernements européens. A la rigueur, les Autorités marocaines pourraient s’en moquer. Elles savent qu’elles ne courent aucun danger de ce côté-là. Néanmoins, elles ont conscience que la mauvaise réputation de leur pays en la matière nuit à son image dans l’opinion publique hors de ses frontières, ce qui, outre l’atteinte à l’orgueil national qui en résulte, peut avoir des répercussions économiques néfastes (risque de “ boycott ” touristique et économique de la part de certains Européens). D’où des discours tonitruants contre la drogue…suivis d’aucun effet ! Ainsi, après qu’en 1991, le roi Hassan II a “ déclaré la guerre à la drogue ”, la production, loin de diminuer, s’est mise à augmenter !

 

Comment sauver internationalement la face sans contrarier les populations du Rif ? Les Marocains ont eu une idée simple, mais, à leurs yeux, géniale : il suffit de faire concorder les appétits hégémoniques du Maroc et un fort discours anti-drogue ; ainsi, on flatte l’orgueil national en revendiquant certains territoires, possessions espagnoles, on occupe même l’une d’entre elles militairement (îlot de Persil), et on justifie cette action en prétendant vouloir ainsi mieux contrôler le détroit de Gibraltar pour être en mesure, étant sur place, de lutter plus efficacement, et contre l’émigration clandestine, et contre le trafic de drogue…tout en maintenant le statu quo dans le Rif ! On peut difficilement faire mieux en matière de cynisme !

 

N’oublions pas enfin qu’en France, et surtout en Belgique, pays où l’immigration marocaine est la plus importante, la “ vente au détail ” est assurée par une armée de dealers, originaires pour la plupart du Rif… Et ainsi, la boucle est bouclée…

 

En 1964, un accord a été passé entre les gouvernements marocains et belges au sujet de la main d’œuvre immigrée. Le roi du Maroc y a vu une formidable occasion de faire d’une pierre deux coups. D’abord, il pouvait se débarrasser à bon compte d’opposants potentiels et de sujets remuants, en expédiant prioritairement en Belgique des personnes originaires de certaines régions politiquement peu sûres, et, notamment du Rif. Ensuite – mais l’avantage n’est peut-être apparu que plus tard – il pouvait disposer sur place d’un contingent de revendeurs qui, compte tenu de leurs origines, pouvaient assurer un service, en quelque sorte, directement du producteur eu consommateur !

 

En fait, l’accord de 1964, qui prévoyait de nombreuses et rigoureuses restrictions (un immigré devait avoir un contrat de travail, il devait quitter le sol belge dès l’expiration de ce contrat, il ne pouvait, de plus, ne trouver à s’employer que dans certains domaines (mines, métallurgie, par exemple) et n’y exercer que certaines activités bien précises, etc.) fut très vite, dans les faits, vidé de sa substance. L’instauration du regroupement familial lui donna le coup de grâce. Actuellement, le plus souvent naturalisés belges, ces Marocains (ils conservent cependant leur nationalité d’origine) sont intouchables, et peuvent continuer d’œuvrer en toute impunité au service de leur roi… et alimenter leur pays d’origine en précieuses devises. Nous avons écrit au début de cet article que le Maroc avait deux “ vaches à lait ”, la drogue et l’émigration ; en fait, c’est inexact, le Maroc ne dispose que d’une seule “ vache à lait ”, la drogue, florissante, grâce à l’émigration. On peut penser en effet que la part la plus importantes des devises parvenant au Maroc ne sort pas de la poche des émigrés honnêtes, souvent chômeurs ou n’exerçant que des emplois subalternes, et de surcroît chargés de famille, dont le pouvoir d’épargne est forcément limité, mais provient plus certainement des colossaux bénéfices des trafics illicites, de celui de la drogue, principalement.

 

Les implications à haut niveau

 

L’Observatoire géopolitique des drogues (OGD) a établi, pour le compte des instances européennes, un rapport particulièrement explosif, dans lequel des noms étaient cités... que les bureaucrates européens, effrayés, ont aussitôt demandé de censurer !

 

Aux termes de ce rapport, des personnages très importants seraient impliqués dans ces trafics, jusque dans l’entourage du roi lui-même. Et le roi ? Il est propriétaire de très vastes étendues dans le Rif. C’est l’un des hommes les plus riches du monde. Gageons que dans ce pays, rien ne peut se faire sans, au moins, l’assentiment du roi, et que celui-ci n’a aucune raison de le donner sans contreparties sonnantes et trébuchantes… Nous disons “ le roi ” ; en, ce qui concerne Hassan II, les choses étaient claires ; pour ce qui est de Mohamed VI, nous avouons ne disposer d’aucun renseignements précis, mais nous avons tout lieu de croire que, dans ce domaine, rien n’a profondément changé.

 

Pour bien comprendre la situation, il faut connaître le système ancestral d’administration et de gouvernement toujours en vigueur au Maroc, le makhzen. Le sens premier de ce mot est “ grenier ”, “ magasin ”, “ entrepôt ”. C’est d’ailleurs de lui que vient le mot français “ magasin ”. Par extension, il a pris le sens de “ gouvernement ”. En effet, le rôle des administrateurs était avant tout de faire la collecte des impôts, souvent payés en nature, donc entreposés dans un “ makhzen ”. Le système conjugue monarchie absolue, d’une certaine manière de droit divin, et féodalité administrative. Les fonctionnaires sont liés au Palais. Ce sont les “ esclaves ” du roi. Par contre, les fonctionnaires ont tous pouvoirs sur leurs administrés, et surtout, leurs contribuables, au nom du roi, qui les nomme selon son bon plaisir, bien que, le plus souvent, le monarque se contente d’entériner le choix déjà fait, sauf à écarter une personnalité qui ne lui conviendrait pas, car les fonctionnaires se cooptent. Le système est donc clos, hermétique. Ainsi s’est constitué une féodalité très solidaire, au service du pouvoir central absolu. Toutefois, le pouvoir makhzénien a toujours connu des difficultés pour s’étendre à tout le pays. Au bilad al makhzen s’opposait le bilad al siba, c’est-à-dire le pays insoumis, voire rebelle, ou, en termes plus clairs, le pays berbère, et, notamment le Rif. Du fait que désormais leur prospérité dépend des possibilités d’écouler leur marchandise, les Rifains sont donc bien obligés de se soumettre au makhzen ; seuls, ils ne le pourraient pas. Comment, en effet, sans ces complicités au plus haut niveau, les filières d’exportation existantes, extrêmement sophistiquées, auraient-elles pu être mises en place et fonctionner ? C’est tout bénéfice politique pour le pouvoir central, qui, de plus, achète sa tranquillité au prix du cannabis !

 

La “ diversification ”

 

Depuis quelques temps, une culture, sinon de diversification, du moins de complément, est apparue au Maroc, celle du pavot.

En raison de son infrastructure et de sa proximité de l’Europe, le Maroc n’avait déjà pas attendu pour s’ouvrir aux maffias de l’héroïne et de la cocaïne, avec la bénédiction royale et l’aide su SAC français, organisme para-policier créé à l’origine pour lutter contre l’OAS, et dans lequel se côtoyaient flics et truands, ayant de plus participé à l’enlèvement et à l’assassinat de l’opposant marocain Ben Barka en 1965. On comprend que cet organisme ait pu faire sans difficulté du Maroc sa base arrière. L’un des plus hauts responsables du SAC s’appelait Charles Pasqua, futur ministre de l’Intérieur français. Lors du démantèlement de la French Connection, en 1971, le nom de Pasqua et celui de son (toujours) bras droit, Marchiani, avaient déjà été cités. Les choses seront encore plus claires lorsque l’affaire Bouquenat-Hémard éclatera.

 

L’affaire Bouquenat-Hémard

 

Ali Auguste Bouquenat, un juif franco-marocain, madame Hémard et sa fille, sont les trois seuls Français a avoir jamais obtenu le droit d’asile aux Etats-Unis, après avoir vu leur demande appuyée par le Département d’Etat, tant l’affaire semblait “ sensible ”. Madame Hémard était l’épouse de l’ancien propriétaire de Pernod, devenu un gros actionnaire de Ricard après la fusion de son entreprise avec celui-ci. Or, Pernod-Ricard servait de couverture pour des trafics de drogue au départ du Maroc. C’est ce que révèle madame Hémard dans sa demande d’asile aux Etats-Unis. Elle ajoute que, dès 1962, la famille de son mari avait contribué à la mise en place de laboratoires de transformation de la cocaïne au Maroc, et les choses n’avaient par la suite fait que croître et embellir. Or, jusqu’à son élection au Sénat en 1970, Pasqua, qui a fait toute sa carrière “ civile ” chez Ricard, s’occupait des exportations de cette marque au Maroc. Madame Hémard avait commis l’erreur de dénoncer ces faits et Bouquenat de se faire l’écho des propos de celle-ci, au moment, particulièrement mal choisi où le ministre français de l’Intérieur s’appelait Pasqua… Les menaces qu’ils reçurent leur semblèrent assez crédibles pour qu’ils craignissent pour leur vie et se réfugiassent aux Etats-Unis, avec la suite que l’on sait..

 

Conclusion

 

Le Maroc est donc bien la plaque tournante de la drogue qui infeste l’Europe, avec la complicité de la famille royale marocaine, de certains hommes politiques marocains et européens, ainsi que de l’armée de dealers, souvent originaires du Rif, qui quadrillent nos villes.

 

Christian MAROT.

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lundi, 24 mars 2008

Quand les Turcs ravageaient le Frioul

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Archimede Bontempi:

Quand les Turcs saccageaient le Frioul

Pier Paolo Pasolini, qui était Frioulan (et fier de l'être), a tou­jours gardé le souvenir des histoires que la tradition orale et populaire lui avait légué; plus tard, il a lu les docu­ments conservés dans les archives municipales de sa pro­vince. Ces souvenirs et cette lecture l'ont conduit à écrire une pièce de théâtre, où transparaît toute son émotion, I Turcs tal Friûl, dans laquelle il a introduit une prière rap­pelant les invasions les plus effrayantes de ces cinq der­niers siècles, remémorées par les documents d'archives de no­tre Europe. Cette œuvre dramatique de Pasolini est l'une des rares pièces jamais rédigées sur l'invasion et l'oppres­sion subie par le peuple frioulan, face aux Ottomans. Quels ont été les faits historiques?

Les premières pressions ottomanes sur la Padanie orientale re­montent à plus de 500 ans, quand les troupes d'Osman Bey amorcent une série d'incursions terribles en partant de leurs bases en Bosnie, terre où ils se sont installés après le succès de l'invasion menée personnellement par le Sultan Mourad I et la défaite de l'armée serbe au Champs des Mer­les au Kosovo-Métohie en 1389.

En 1415, l'armée ottomane soumet la Slovénie (terre im­périale!) et des bandes d'irréguliers bosniaques et albanais pénètrent dans le Frioul pour en saccager les campagnes. Ils n'osent pas encore s'approcher des villes, bien défendues par les troupes de la Sérénissime. En 1472, pour la pre­miè­re fois, une armée régulière ottomane se présente aux fron­tières. Huit mille cavaliers turcs franchissent l'Isonzo et arrivent aux portes d'Udine. Leur nombre est toutefois in­suf­fisant pour disloquer les défenses frioulanes. Ils se con­ten­tent de décrocher en emportant leur butin et les escla­ves qu'ils ont capturés au sein de la population. Venise sent le danger et ordonne la construction d'une ligne de fortifi­ca­tions entre Gradisca et Fogliano et d'un mur entre Gra­dis­ca et Gorizia. Cinq ans plus tard, le 31 octobre 1477, une véritable armée bien structurée attaque le Frioul, déjà é­prouvé en août par une invasion de troupes de cavaliers, légères et mobiles. Lorenzo de Papiris nous narre cette attaque dans une chronique conservée dans les archives du chapitre d'Udine. L'avant-poste de Cittadella sur l'Isonzo tom­be; les Ottomans se répandent dans le Frioul. Vieillards et enfants sont systématiquement massacrés. Les garçons et les femmes sont enlevés pour être réduits en esclavage dans l'Empire ottoman. Au printemps suivant, les hordes tur­ques pénètrent en Carniole et en Carinthie, terres ger­ma­niques et impériales, pour y commettre les mêmes dé­pré­dations. Ces attaques sont les premières escarmouches dans une longue série d'invasions.

1499: le Frioul ravagé et incendié

Dans la nuit du 28 septembre 1499, une armée de 30.000 hom­mes, commandée par Iskander Bey, vient renforcer les bandes d'irréguliers bosniaques, albanais et tziganes qui é­cu­ment les campagnes à la recherche de butin et d'escla­ves. Les 30.000 hommes d'Iskander Bey franchissent l'Ison­zo, assiègent la forteresse de Gradisca, où se sont retran­chées les troupes de la Sérénissime. Tout le Frioul est in­cen­dié: du haut des clochers de San Marco à Venise, on pou­vait voir rougir les flammes des incendies allumés par les Ottomans dans toute la plaine, de la Livenza jusqu'au Ta­gliamento. Les flèches incendiaires, enduites de soufre, n'é­pargnaient ni les petites bourgades ni les fermes isolées. Les Ottomans assiègent ensuite Pantanins. Aviano, Polceni­go, Montereale, Valcellina et Fono tombent les unes après les autres. Morteglan, solidement fortifiée, résiste, mais un tiers de la population est tué ou déporté. Selon le haut ma­gi­strat vénitien Marin Sanudo, 25.000 Frioulans disparais­sent durant cette invasion. Marco Antonio Sebellico, de Tar­cento, écrit que toute la plaine entre l'Isonzo et le Ta­gliamento n'est plus qu'un unique brasier. Aujourd'hui en­co­re, une stèle rappelle l'événement à la Pieve de Tricesimo: «…et le dernier jour d'octobre, les Turcs ont franchi l'Isonzo pour venir ensuite brûler notre patrie de fond en comble».

La valeur militaire des estradiots serbes

Les seules troupes capables d'opposer une résistance réelle aux Ottomans ont été les estradiots (ou stradiotes) serbes et grecs qui combattaient pour le compte de la Sérénis­si­me. Ces troupes réussirent à tuer mille Ottomans dans les durs combats sur la plaine d'Udine. Elles connaissaient bien les techniques de combat des Turcs: de rapides incursions de cavaliers, qui criblent leurs cibles de flèches incen­diai­res, puis feignent de se retirer, pour ré-attaquer avec la ra­pi­dité de l'éclair. Les estradiots étaient capables de contrer cette stratégie, propre des peuples de la steppe. Ils ont aus­si été utilisés contre les alliés des Turcs, les Français, en pénétrant les rangs de la cavalerie lourde pour en dis­loquer les dispositifs.

Le 4 octobre, comblés de butin et d'esclaves, l'armée otto­mane s'apprête à repasser le Tagliamento, mais la rivière est en crue et tous les prisonniers ne peuvent se masser sur les bacs et radeaux. Pour ne pas s'en encombrer, Iskander Bey en fait égorger plus de mille sur les rives du Taglia­men­to. Le gros de l'armée passe à côté de Sedegliano, assiège le château de Piantanins, et met un terme à la résistance désespérée des Frioulans, commandés par Simone Nusso de San Daniele, qui, capturé, sera empalé par les vainqueurs. Le château est complètement rasé.

Le Frioul mettra de très nombreuses années pour se re­met­tre de ces ravages. Le Doge de Venise, Agostino Barbarigo, à la demande des nonnes d'Aquileia, exempte de nom­breu­ses communes de l'impôt. Le Sultan Bajazet II, plus tard, reprend cette guerre d'agression contre Venise sur terre et sur mer, avec l'appui de la France, allié traditionnel des Ot­tomans. Marco d'Aviano, prédicateur de réputation euro­péen­ne, qui s'était distingué pendant le siège de Vienne en 1683, n'a jamais cessé de puiser des arguments historiques dans les chroniques frioulanes relatant ces invasions. C'est ce qu'il a fait quand il exhortait les troupes de l'armée européenne qui s'apprêtaient à libérer l'Europe du Sud-Est de la domination turque. L'écrivain contemporain Carlo Sgor­lon retrace la biographie de ce prédicateur thaumatur­ge dans son roman Marco d'Europa.

Archimede BONTEMPI.  

(article paru dans La Padania, le 20 octobre 2000; http://www.lapadania.com ).

 

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